IL AURA DONC fallu sept années, un nombre incalculable d’attentats et de combats qui ont fait des centaines de milliers de victimes, des destructions qui ont mis le pays à genoux pour qu’un processus démocratique soit mis en place dans un climat de stabilité relative en Irak. Il y a quatre ans déjà, une assemblée avait été élue au plus fort des violences, ce qui faisait douter de son efficacité. Cette fois-ci, grâce à des institutions plus solides et un mode de vie presque normalisé, les Irakiens peuvent espérer venir à bout du terrorisme et se mettre au travail.
La revanche de Bush.
On ne soulignera jamais assez les dangers qui pèsent sur ce lent et précaire retour à la normale. On n’y verra nullement la justification d’une guerre qui, pour abattre une dictature, a imposé au peuple irakien des souffrances inacceptables. Cependant, d’une certaine façon, et en dépit des graves erreurs de jugement commises par son administration, la politique irakienne de George W. Bush trouve un semblant de revanche. En effet, ce n’est pas Barack Obama, c’est M. Bush qui avait désigné le général David Petræus pour appliquer en Irak une stratégie de réconciliation avec les différentes composantes de la population, plus particulièrement avec les sunnis qu’Al Qaïda avait infiltrés. Ces accommodements ont incité le peuple irakien, exaspéré par la violence, à se dresser contre les terroristes. En gardant à ses côtés le secrétaire à la Défense Robert Gates, en poursuivant en Irak la stratégie de Petræus (et en l’appliquant aussi à l’Afghanistan, où la reconquête des esprits commence à porter ses fruits) le président des États-Unis a élargi un programme mis en uvre sur le tard par son prédécesseur après de retentissants échecs.
On serait stupidement optimiste si l’on oubliait le chaos qui a prévalu en Irak pendant si longtemps et si l’on ne gardait à l’esprit le risque que fait courir à la stabilité chaque pas en direction de la normalisation de la société irakienne. On n’ignore pas que l’évacuation progressive des troupes américaines, déjà absentes des grandes villes, peut entraîner des règlements de comptes entre les diverses communautés qui composent la mosaïque irakienne. On a le sentiment que, si sunnis et chiites, kurdes et sunnites s’affrontent de nouveau et à grande échelle, les forces américaines seront obligées d’intervenir pour rétablir l’ordre. Et si elles ne le font pas, parce qu’elles auront définitivement quitté l’Irak (fin 2011), le pari de Bush, qui consistait à instaurer une démocratie exemplaire dans ce pays, aura été largement perdu, malgré ce qu’il aura coûté des points de vue humain et financier.
MÊME LES TERRORISTES COMMENCENT À SE FATIGUER
Mais on ne peut pas toujours se lamenter. Il semble bien qu’Al Qaïda et les terroristes en général ne soient plus en vogue en Irak ; l’idée que les chiites majoritaires méritent une représentation majoritaire a fini par faire son chemin ; la nécessité d’inclure kurdes et sunnites dans le gouvernement a été admise par les chiites ; de nombreux baassistes (l’ancien parti de Saddam Hussein) ont été rayés des listes électorales, mais 20 000 officiers et soldats de l’ex-armée de Saddam, dissoute en 2003 par le gouverneur américain L. Paul Bremer, ont regagné les rangs de la nouvelle armée. L’Irak a besoin d’un système de sécurité efficace pour que la paix civile soit durablement rétablie. Quant à l’Iran, il ne manifeste plus un intérêt suspect pour l’Irak. Le leader chiite Moktada El Sadr qui, il y a encore deux ou trois ans, participait à la guerre civile, a demandé à ses partisans de voter en masse. Les chiites représentaient 80 % des effectifs irakiens pendant la guerre atroce qui a opposé l’Irak à l’Iran. Ils n’ont pas refusé le soutien de Téhéran lors de l’invasion américaine, mais ils rappellent qu’ils sont arabes, pas perses, et que leur chiisme est différent de celui de l’Iran. La crainte que l’Irak ne devienne un protectorat iranien semble donc dépourvue de tout fondement. Enfin, le pétrole a rapporté 39 milliards de dollars en 2009 aux Irakiens et ils disposent de ressources pour la reconstruction, étant entendu que leurs royalties augmenteront beaucoup si les installations pétrolières sont modernisées.
Le tournant de Bombay.
Des espoirs comparables sont permis en Afghanistan : l’offensive de l’OTAN pour la reconquête de Marjah, dans le sud du pays, a été un succès. Les Américains s’efforcent patiemment, sous la houlette du général Stanley McChrystal, de retourner la population contre les Taliban, dont la force repose sur l’épouvante qu’ils inspirent plus que sur la sympathie. Rien n’est éternel : pas plus que les Occidentaux ne peuvent rester indéfiniment en Afghanistan, les Taliban, Al Qaïda et Lashkar-e-Taïba, le mouvement armé le plus cruel du Pakistan, ne sont aimés des populations, premières victimes des attentats. Le danger que représentent ces mouvements n’est sûrement pas écarté. Toutefois, chaque fois qu’ils se livrent à une tuerie, par exemple l’année dernière à Bombay (136 morts), ils perdent des soutiens. Le Pakistan, qui a été très lent à se rendre compte de la menace réelle que représente le terrorisme pour ses institutions, commence à combattre les intégristes avec vigueur.
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