LA CAMPAGNE a été confuse et désagréable, avec quelques misérables coups bas qu’il vaut mieux oublier. Du PS, on dira qu’il s’est battu avec l’ardeur du parti qui va prendre enfin sa revanche ; de la droite, qu’elle affiché sa bonne mine en dépit de sondages qui, au fil des semaines, n’ont cessé de lui ôter les quelques espoirs qui lui restaient. Faut-il penser que la victoire probable de la liste de George Frêche en Languedoc-Roussillon altèrera l’optimisme des socialistes ? Ils ne doivent pas regretter le choix de Martine Aubry, très remontée contre le président de région sortant ; la première secrétaire n’a pas agi sur un coup de tête mais avec la certitude que sa rupture définitive avec M. Frêche aura à terme un effet positif pour son parti. Grand chelem ou pas, la reconduction de l’équipe Frêche ne serait pas, de toute façon, une victoire pour l’UMP.
Le courage des uns et des autres.
Il fallait du courage à Valérie Pécresse pour se battre non seulement contre un adversaire dont la médiocrité l’a laissé indemne mais contre ceux de ses amis de l’UMP qui ont attribué à l’insuffisance de Mme Pécresse son incapacité à convaincre l’électorat d’Île-de-France, sans doute parce que, à leur grand surprise, elle fut intronisée par son parti. Il en aura fallu à Xavier Bertrand, en apparence bardé de certitudes, pour conduire sa campagne comme si le discours d’une droite rejetée par l’opposition mais aussi par une bonne partie de ses mandants allait modifier le cours d’un implacable destin. Il en aura fallu à Hélène Mandroux pour se dresser contre M. Frêche, expérience comparable à celle du bétail conduit à l’abattoir. Il en aura fallu à beaucoup de candidats confrontés à un peuple qui cuve sa colère et son inquiétude en mesurant les ravages de la crise. L’opposition ne peut pas nier qu’elle a été portée par la récession et ses terribles conséquences sociales et que les erreurs commises par Nicolas Sarkozy n’expliquent pas à elles seules le retournement de l’électorat en faveur d’une gauche battue à plusieurs reprises, et dans des occasions plus importantes, depuis huit ans.
SARKOZY NE POURRA PAS IGNORER UN RÉUSLTAT ACCABLANT POUR LA DROITE
La gauche n’a pas fait de cadeaux à la droite, bien qu’elle bénéficiât de plusieurs longueurs d’avance. Tout lui a servi pendant la campagne, y compris les actions du gouvernement qu’elle a continué à contester avec la même verve. Elle a pensé que M. Sarkozy commençait à être perçu comme un repoussoir, ce qui a été confirmé dans les régions où les élus de la droite ne tenaient pas particulièrement à ce qu’il leur rendît visite. Là où ils l’ont poliment accueilli, sa visite a été dénoncée par la gauche, notamment celle qu’il a faite mardi dernier en Franche-Comté : socialistes et écologistes ont réclamé que les frais du voyage ne soient pas payés par l’Élysée mais par la campagne de l’UMP. Le président, dans les faits et dans les mots, s’est perdu dans ses contradictions. Il a dit que les régionales n’étaient pas un scrutin politique, mais il a soutenu politiquement ses partisans. Officiellement, il se déplaçait pour aller à la rencontre des victimes de la crise. Mais, en justifiant ses mesures, il contribuait au débat des régionales. Le 14 mars, quand il aura bu le vin jusqu’à la lie, il dira sans nul doute que la majorité n’en est pas profondément affectée. Il a déjà pris date : il ne changera pas de Premier ministre et il poursuivra les réformes.
Quelle leçon ?
Est-ce aussi simple qu’il l’affirme ? François Fillon qui a profité d’un des derniers meetings pour réafirmer sa loyauté au président, est déjà consacré par les médias (mais au mépris de toute vraismblance) comme un présidentiable. On souligne son « insolente popularité » quand il est à 37 % d’avis favorables, ce qui aller plus que vite en besogne. Ce qui est vrai, c’est que M. Sarkozy faisant tout, le « fusible » n’a pas disjoncté et que le président, objet de tous les ressentiments, s’est privé d’une des techniques les plus utilisées de la Vè République, le limogeage du Premier ministre. Quant aux réformes qu’il veut poursuivre alors que le peuple ne veut plus en entendre parler, c’est un propos bravache qui ne répond même pas la question : quelle leçon tirerez-vous d’une victoire écrasante de la gauche ? Aucune leçon n’est pas une réponse audible.
Dernier point : le PS est, une fois encore, sérieusement concurrencé par Europe-Écologie dans quelques régions. Les Verts feront-ils un score comparable à celui des élections européennes ? Le risque existe en tout cas que les socialistes perdent leur hégémonie à gauche, à cause des écologistes mais aussi du Front de gauche. Dans ce cas, à partir de lundi, on assistera à de palpitants épisodes de la vie politique.
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