LE QUOTIDIEN : Comme les autres syndicats, vous avez été auditionné par l'IGAS, qui prépare un rapport sur la biologie médicale. Quel a été votre message ?
Dr CLAUDE COHEN : Il y avait beaucoup de choses à dire ! Parmi les sujets qui nous inquiètent beaucoup, il y a déjà l'accréditation à marche forcée. Accréditer 100 % de l'activité des laboratoires de biologie médicale en 2020 ne sera pas possible pour tout le monde. Le Cofrac (Comité français d’accréditation, NDLR) n'a pas les moyens de faire tous les audits. L'autre inquiétude majeure, c'est la taille et le prix des laboratoires qui sont de plus en plus gros et de plus en plus chers. Résultat, les jeunes biologistes ont du mal à s'insérer dans le système libéral. Il faut arrêter cette frénésie d'industrialisation des laboratoires !
Début juillet, les biologistes libéraux et la CNAM se sont réunis dans le cadre d'un comité de suivi du protocole d'accord. Craignez-vous de nouvelles baisses de tarifs ?
Oui, mais pour le moment, nous n'avons fait que des constatations chiffrées. L'assurance-maladie nous a présenté les dépenses consolidées de l'année 2017, en mois de soins. Elles s'élèvent à 3,76 milliards d'euros. Cela fait un dépassement de l'enveloppe de 27 millions d'euros. Même s'il y a apparemment un effet « Lévothyrox » (augmentation des prescriptions de dosage de TSH), je suis étonné par ce montant. Nous nous revoyons en septembre avec la CNAM et nous verrons à ce moment-là si des baisses tarifaires sont envisagées. Mais je pense que cela serait catastrophique !
Le protocole d'accord avec l'assurance-maladie prend fin en décembre 2019. Faut-il le renouveler ?
Oui ! Ce protocole empêche les décotes tarifaires unilatérales de l'assurance-maladie, ou en tout cas les freine… Ce n'est pas non plus la panacée, car l'évolution autorisée des dépenses est limitée (+0,25 % par an). Mais si cet accord n'est pas renouvelé, alors la situation deviendra très compliquée et ce serait la fin programmée du biologiste médical. La situation deviendrait semblable à celle de l'Allemagne ou des Pays-Bas, où il n'y a quasiment plus de biologistes médicaux, et où le secteur est totalement industrialisé !
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