LE PARTI SOCIALISTE devient le premier parti de France, avec près de 3,5 points de plus que l’UMP. Martine Aubry est la première bénéficiaire de ce remarquable succès et l’horizon s’assombrit pour Ségolène Royal et pour le lointain Dominique Strauss-Kahn ; le Front national revient en force, à 11,74 % des suffrages, et se maintient dans douze régions ; Europe-Écologie, à 12,47 % des voix, ne peut être, qu’il le veuille ou non, que le vassal du PS ; le MoDem s’effondre (définitivement ?) à 4 % ; le NPA, à 2,5 %, a perdu son pari. Les chiffres sont implacables : les élections européennes de juin 2009 semblaient consacrer l’UMP et l’érosion du PS face aux écologistes. Les régionales disent au contraire que les socialistes conduisent le bal et que la France a basculé à gauche.
SARKOZY EST L’UNIQUE RESPONSABLE DE LA DÉBÂCLE DE LA DROITE
L’UMP peut-elle s’abriter derrière l’énorme taux d’abstentions (54 %) pour relativiser sa débâcle ? Dans l’analyse de ses porte-parole, on note le rejet de l’idée de vote-sanction et l’espoir que son électorat reviendra aux urnes dimanche prochain. Ils auraient mieux fait d’admettre la dimension exacte de leur défaite, s’ils voulaient épouvanter les électeurs qui les ont abandonnés et les encourager à voter au second tour. Un retournement de tendance dans trois jours nous semble exclu : les compagnons de route de la droite ne pensent pas avoir commis un sacrilège en refusant de se présenter dans les bureaux de vote. Ils veulent que l’UMP comprenne la leçon. Ils ne la sauveront pas dimanche, car ils veulent être certains qu’elle changera de politique. Nicolas Sarkozy, qui refuse de faire son mea culpa, doit d’abord admettre qu’il est le principal responsable de la défaite aux régionales : il a durci ses mesures, par exemple dans le domaine de la justice et de la sécurité, d’une manière qui met en danger quelques libertés essentielles ; ses réformes, durement critiquées par la gauche, notamment dans l’enseignement et la fonction publique, n’ont pas convaincu une opinion qui, à tort ou à raison, ne voit pas pourquoi il faut diminuer le nombre de fonctionnaires quand le taux de chômage est très élevé ; le débat sur l’identité nationale, qu’il a demandé à Éric Besson, était destiné à renforcer la main-mise de l’UMP sur une partie de l’électorat FN. On a vu le résultat de l’opération, très favorable à Jean-Marie Le Pen, alors que la droite s’aliénait de la sorte beaucoup d’électeurs qui ne badinent pas avec le principe de tolérance. Depuis le début de 2009, le président aurait dû tenir un discours unique sur la lutte contre le chômage, sur les moyens qu’il se donnait pour le réduire, sur les dispositions susceptibles de rassurer les Français inquiets.
Un peu de sincérité ne fait pas de mal.
Qui n’a pas compris que l’identité nationale était une manuvre, une distraction, un voile posé sur la crise sociale ? M. Sarkozy a largement perdu la bataille de la communication avant de perdre les régionales. Le seul fait qu’il ait donné consigne à ses lieutenants pour qu’ils évitent d’admettre la défaite montre à quel point il se leurre lui-même : un peu de sincérité dans les grandes occasions ne fait pas de mal. Il semble que, en dépit de ses très fréquents voyages en province, il ait perdu le contact avec le pays, comme cela est arrivé à d’autres présidents avant lui. Dans l’ascension de Martine Aubry, il y a certes un ingrédient principal, c’est-à-dire son long et pénible labeur pour rassembler un parti divisé, mais il y aussi une lassitude à l’égard de Sarkozy qui a fait oublier les « défauts » de Mme Aubry, son style austère, son autoritarisme et sa défense des 35 heures. Le succès de la première secrétaire est d’autant plus admirable qu’elle a éloigné le risque d’une égalité entre le PS et Europe-Écologie qui lui aurait coûté le leadership de la gauche. De même, la déroute de Nicolas Sarkozy est d’autant plus grande qu’il a perdu là où il espérait gagner : il n’a pas réussi à verrouiller l’emprise de l’UMP sur l’électorat du Front National.
Cependant, s’il n’a fallu qu’un an pour que le PS triomphe après avoir touché le fond, peut-être ne faudra-t-il qu’un an pour que la droite renaisse de ses cendres. Elle a furieusement besoin de croissance et d’emplois nouveaux. Mais avant d’invoquer la providence, elle doit changer de discours et se consacrer à la résolution d’une crise qui appauvrit les Français, les jette parfois à la rue, les prive, eux et leurs enfants, d’un avenir.
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