LA LOI élargissant la couverture santé aux États-Unis est passée. Le défi, à présent, c’est son application.
Une certitude : il faudra être patient. La révolution ne se fera pas du jour au lendemain, a prévenu Lawrence Brown, professeur à la Columbia University, récemment invité des Tribunes de la Santé organisées par la chaire santé de Sciences Po Paris en partenariat avec « le Quotidien ».
Le politologue a précisé que le mois de septembre 2010 servirait de test. À partir de cette date, les assureurs privés ne pourront plus rejeter le dossier d’enfants ayant des antécédents médicaux. Au lendemain du vote par le Congrès, les assureurs ont semé le trouble en présentant leur propre lecture de la loi, où ne figure pas la notion d’assurance obligatoire. Le ministre de la Santé est intervenu pour recadrer le débat, les assureurs font à présent profil bas. Reste à voir quelle sera leur attitude en septembre prochain.
L’application des autres mesures votées, et en particulier l’élargissement de la couverture santé à 31 millions de personnes supplémentaires, prendra des années, a par ailleurs confirmé Lawrence Brown, pour qui la régulation du système sera « un énorme challenge ».
Les assureurs ne sont pas les seuls à traîner des pieds. À en croire Lawrence Brown, les médecins devront également y mettre du leur pour que la réforme devienne réalité. Car comment développer la prévention et les réseaux de soins primaires, un axe majeur du plan Obama, dans un pays qui compte moins de 8 % de médecins généralistes ? Une révolution culturelle s’impose chez les praticiens américains, hautement spécialisés dans leur écrasante majorité. Les facultés de médecine aussi devront faire leur propre mue, a souligné Lawrence Brown. Elles devront accepter de n’être plus exclusivement tournées vers la haute technicité et la recherche. Les freins sont réels : des professeurs de médecine ont déjà fait savoir qu’ils craignent un appauvrissement de la qualité de l’enseignement médical aux États-Unis, du fait de la réforme Obama.
La prochaine Tribune de la Santé sera consacré le 6 mai prochain à l’expérience des réformes au Québec. L’invité sera Jean Turgeon, professeur à l’École nationale d’administration publique, au Québec.
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