CEPENDANT, il n’est pas certain que le gouvernement de Benjamin Netanyahu aura la possibilité de sortir de l’isolement où il s’est volontairement placé. La crise des relations israélo-turques, déjà aiguë, est désormais à son paroxysme ; pas une voix en Europe ne s’est élevée pour justifier l’attitude israélienne ; les Américains eux-mêmes ne seront pas enclins à excuser Israël ; la tension à Gaza et surtout au Sud-Liban va s’exacerber, avec un risque de guerre imminente ; les ennemis habituels d’Israël vont surfer sur le raz-de-marée de haine. En tous points, l’intervention militaire contre la flotille aura été, pour les Israéliens, un désastre.
Le piège a fonctionné.
D’autant qu’à bord des bateaux se trouvaient trois députés européens et un prix Nobel et que, dans ces conditions, le défi lancé par l’armée de l’État hébreu à la mission dite humanitaire comportait un danger immense que M. Netanyahu a ignoré, ce qui semble incompréhensible. Il ne fait pas de doute que le projet humanitaire avait une forte dimension politique. Organisé par des islamistes turcs, il a rallié des personnalités dont on ne niera pas le courage mais dont les convictions anti-israéliennes ne sont pas à démontrer. Il s’agissait bien d’une provocation. Il s’agissait de contraindre Israël à lever le blocus de Gaza, ce qui relevait de l’impossible, et donc d’obliger les Israéliens à recourir à la force. Le piège était grossier. Il est d’autant plus regrettable que le gouvernement d’Israël s’y soit laissé prendre en agissant exactement comme le souhaitaient les provocateurs.
Il était prévu que des navires de guerre attendraient la flotille dans les eaux israéliennes et feraient barrage aux arrivants. Certes, cette confrontation se serait traduite par une longue impasse, mais il n’y avait pas d’autre moyen d’éviter le carnage qui a eu lieu en définitive. M. Netanyahu a voulu en finir et prendre les bateaux par surprise. Il croyait sans doute que les passagers se seraient rendus sans offrir de résistance. Son erreur a des conséquences politiques d’une gravité extrême dont Israël n’a pas fini de payer la facture.
L’affaire démontre que le statu quo en Palestine est impensable ; que la force militaire ne remplace pas une politique propre à trancher le nœud gordien ; que, depuis que Netanyahu et ses amis ont accédé au pouvoir, la tension n’a fait que croître ; que les tergiversations, la poursuite de la colonisation, le refus de faire de nouvelles propositions de paix, la résistance sans fin aux pressions exercées par les amis d’Israël, États-Unis et Europe, pousse l’ébullition jusqu’à l’explosion. En rejetant toute évolution du statut des Palestiniens, Israël déclenche une multiplicité d’initiatives, chez les Palestiniens et chez ceux qui les soutiennent, qui finissent par produire leur effet. Aujourd’hui, il ne suffira pas de regretter le nombre des victimes, ou d’invoquer la violence avec laquelle les soldats israéliens ont été accueillis sur les navires. Les États-Unis et l’Europe n’ont pas de mal à démontrer à Israël que, s’il ne bouge pas politiquement, il court à l’échec et peut-être à sa perte. Le gouvernement iranien, le Hezbollah et le Hamas se présentent déjà comme des gens qui auraient la justice de leur côté.
Une autre politique, ou plutôt une politique tout court, est le devoir urgent d’Israël. L’opinion de ce pays, jamais tendre pour le pouvoir en place, doit maintenant exiger du gouvernement qu’il limite la casse ; elle ne peut pas croire qu’elle restera à l’abri de ce qui se prépare dans le monde arabo-musulman. Il semble que, depuis dix-huit mois, les Israéliens, surtout intéressés par la croissance de l’économie, aient trouvé le statu quo confortable. Rien n’est plus illusoire que cette situation de ni paix ni guerre. La meilleure défense de l’existence d’Israël consiste à donner enfin un État aux Palestiniens.
L’OPINION ISRAÉLIENNE DOIT DEMANDER DES COMPTES À SES DIRIGEANTS
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