La prise en charge des patients atteints de maladies respiratoires handicapantes (bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO), emphysème pulmonaire, asthme, fibrose pulmonaire idiopathique, hypertension artérielle pulmonaire…) rentre dans les missions des Maisons Sport-Santé. Dans le très récent parcours de soins dédié à la BPCO, la Haute Autorité de santé met ainsi l'accent sur la réadaptation respiratoire, « qui doit être proposée à tout patient dyspnéique ».
Si la réhabilitation pulmonaire est une importante composante du parcours de soins, l'accès reste problématique en France. « Les différentes études de cohorte que nous avons menées indiquent que 8 à 20 % des patients éligibles seulement bénéficient d'une réhabilitation pulmonaire », explique le Pr Nicolas Roche (hôpital Cochin, AP-HP), président de la société de pneumologie de langue française. Forts de ce constat, les pneumologues et patients représentés par le collectif Action Souffle ont récemment tiré la sonnette d'alarme.
L'intérêt d'une activité physique adaptée est très important pour les patients insuffisants respiratoires. En février 2019, une revue de la littérature réalisée par les centres Cochrane avait conclu que la réhabilitation respiratoire était associée à une amélioration significative de l'état du patient dans quatre domaines : la dyspnée, la fatigue (dont la capacité d'exercice), la maîtrise et la fonction émotionnelle. Certaines études suggèrent en outre un effet sur la mortalité. « Les centres Cochrane ont affirmé que le niveau de preuve est tellement important qu'il ne serait pas nécessaire à l'avenir de réévaluer l'intérêt de la réhabilitation pulmonaire », précise le Pr Roche.
Le trépied de la réhabilitation
La réadaptation pulmonaire repose sur un « trépied », comme le qualifie le Pr Frédéric Costes, du service de médecine du sport au CHU de Clermont Ferrand : « activités physiques adaptées, éducation thérapeutique et accompagnement psychosocial, énumère-t-il. Le mot "sport" est un peu tabou, car il véhicule des notions de performance qui peuvent décourager le malade s'il échoue. L'idée, c'est de permettre de pratiquer à nouveau des activités que l'on n'a plus la force ou le courage de faire. »
La réhabilitation comprend deux phases : une phase de réadaptation et une autre de maintien des acquis. La première partie peut se dérouler dans un établissement de soins de suite et de réadaptation (SSR), en ambulatoire ou non, et consiste en un programme de un à trois mois. Les exercices visent au renforcement musculaire (poids, banc d'entraînement, gymnastique) et à l'augmentation de l'endurance (vélo, marche, course). Certaines structures proposent aussi de la balnéothérapie. L'utilisation de bronchodilatateurs au cours des exercices permet d'augmenter la capacité d'effort.
Des tels exercices visent, non pas à améliorer la fonction respiratoire mais plutôt à maximiser le rendement de l'utilisation de l'oxygène et celui de la source d'énergie par ATP. La phase d'entretien, quant à elle, peut se dérouler au sein d'associations de patients ou d'association sportives, voire en autonomie et à domicile.
Problème de motivation
Le faible recours à la réhabilitation pulmonaire s'explique non seulement par le manque de structures, mais aussi par la difficulté à convaincre le patient. « Ma patientèle est majoritairement composée de patients souffrant de BPCO. Malgré notre sensibilité à la réhabilitation pulmonaire et notre accès facilité aux structures spécialisées, seulement 25 % y ont recours, explique le Pr Roche. Il faut multiplier les modalités d'accès pour les patients les moins sportifs et les plus sédentaires qui sont les plus difficiles à mobiliser. »
Les pneumologues pointent aussi du doigt le problème de la prise en charge. Depuis le 1er juillet 2018, la réhabilitation respiratoire par un kinésithérapeute est remboursée pour les patients BPCO en affection de longue durée. « Seuls les patients les plus graves, ceux sous oxygène, sont concernés, explique le Pr Costes. La phase d'entretien en club sportif, n'est pas prise en charge. C'est un problème pour les patients ayant peu de moyens. Il faudrait imaginer un forfait pour des maladies respiratoires, certaines mutuelles le proposent déjà. »
Dernier problème rencontré par les patients : la méconnaissance des structures permettant de faire de la réhabilitation pulmonaire. Pour y remédier, la SPLF met à jour régulièrement sur son site une « carte de la réhabilitation ».
Article précédent
« L'activité physique est un médicament universel »
Article suivant
Quelle prise en charge pour le sport santé ?
L'observance, le défi du sport santé
« L'activité physique est un médicament universel »
La réadaptation respiratoire, un volet prioritaire à promouvoir
Quelle prise en charge pour le sport santé ?
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation