NICOLAS SARKOZY est responsable de la plupart de ses revers. Il a prêté le flanc aux critiques, qui vont du népotisme (Jean Sarkozy et l’EPAD) à l’impudeur (il a divorcé et s’est remarié pendant son mandat), en passant par l’autoritarisme sous des formes diverses, à l’occasion de la réforme judiciaire, par exemple, de l’ouverture (qui a mécontenté son propre camp) ou de la rupture qui, comme son nom l’indique, a brisé beaucoup de ses soutiens tout en donnant une raison supplémentaire de le harceler à ceux qui font métier de s’opposer à lui. Il a aussi perdu de nombreuses guerres de communication. On lui a reproché même ce qu’il avait réussi, par exemple la libération des infirmières bulgares détenues en Libye ou des membres de l’Arche de Zoé, détenus au Tchad. Il a voulu convaincre les électeurs du Front national ou conforter les siens avec un débat sur l’identité nationale qui n’avait aucune chance de réussir dès lors qu’il était orchestré par le gouvernement.
Sarkozy se serait créé deux adversaires.
Mais ce n’est nullement sur de tels épisodes, qui seront vite oubliés ou le sont déjà, qu’un électorat se décide. Bien sûr, la moitié des Français qui ira voter dimanche se fera un malin plaisir de faire savoir au chef de l’État ce qu’elle pense de lui. Il n’y a aucun risque à manifester sa mauvaise humeur à l’occasion des régionales. Les élections générales de 2012 sont une tout autre affaire. Les spéculations sur une candidature possible de Dominique de Villepin à la présidence sont plus que prématurées. On peut penser ce que l’on veut de l’appel du parquet dans l’affaire Clearstream, le fait est que l’ancien Premier ministre est politiquement handicapé par son procès pendant encore un an au moins. Ses déclarations sur sa disponibilité, sur une autre conception de la politique et sur les services qu’il est prêt à rendre au pays ne sont pas convaincants. Tout le monde traduit l’expression de son immense générosité par un seul mot : ambition. L’actuel Premier ministre, lui, a bien du mérite, ne serait-ce que par sa constance face à un président difficile à suivre, exigeant et colérique. M. Fillon apparaît comme une version plus rassurante du réformisme de droite, capable en outre de rassembler ses troupes sur la continuité dans la rupture mais moins l’ouverture. Cependant, si M. Sarkozy est candidat en 2012, M. Fillon ne se présentera pas.
C’EST SUR L’EMPLOI ET LE POUVOIR D’ACHAT QUE SE JOUERONT LES ÉLECTIONS DE 2012
On peut être sûr que la perspective d’une guerre des chefs qui s’ajouterait aux précédentes ne lui plairait guère.
Comme François Bayrou, toujours en mesure de prendre des voix à la droite, comme le Front national, qui semble reprendre du poil de la bête, Dominique de Villepin est susceptible de réunir sur son nom une petite minorité qui assurerait la défaite de M. Sarkozy. Mais cela n’est vrai que si la gauche est unie, si les Verts et le PS s’accorde sur le leadership de l’opposition et enfin si le candidat de la gauche est crédible et soutenu par tous, des socialistes au Front de gauche, en passant par les Verts, et avec le MoDem. Cela dit, l’enjeu n’est nullement politique, il est économique et social. Ce n’est pas son comportement ou ses nombreuses erreurs qui ont coûté le plus cher au président de la République, c’est une crise profonde et durable qu’il a combattue de son mieux et non sans quelques résultats positifs. Malheureusement, il n’a pas pu empêcher la montée du chômage et de la précarité. L’idée, avancée par l’opposition, que les Français se porteraient mieux si on appliquait les solutions qu’elle suggère relève de la théorie pure. À supposer qu’elle s’empare du pouvoir en 2012, il lui restera à résoudre la quadrature du cercle, c’est-à-dire à diminuer les déficits et la dette tout en créant des emplois et en augmentant le pouvoir d’achat. On lui souhaite bien du plaisir.
Les Français sanctionneront sans doute le pouvoir dimanche prochain, mais ils savent qu’aucun parti ne dispose d’un remède miracle. Il y a en France, comme dans le reste de l’Europe et comme en Amérique, une réalité qui résiste à toutes les théories et encore plus à l’idéologie. Seule une forte croissance nous permettrait d’atteindre les deux objectifs contradictoires que sont l’emploi et la réduction de la dette. Et même la gauche sait que le taux de croissance dépend beaucoup plus des mécanismes naturels de l’économie que de la volonté humaine.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque