JEAN-MARC AYRAULT voulait « sortir de l’ère du soupçon » entre les pouvoirs publics et les laboratoires.
La tenue, lundi dernier à Lyon, d’un comité stratégique de filière des industries et technologies de santé (CSF Santé) est un signal fort de la volonté de franchir une nouvelle étape, engageant l’innovation française, l’emploi et la production. Présidé par Marisol Touraine (Santé), Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Geneviève Fioraso (Enseignement supérieur et Recherche), en présence de Marc de Garidel, président du G5 Santé (les principaux laboratoires français), ce CSF Santé est censé illustrer l’ambition des pouvoirs publics et des industriels de travailler dans le cadre d’un partenariat public/privé rénové.
La révolution des maladies chroniques.
Le secteur de la santé est à la croisée des chemins. Certes, sous l’effet des politiques de maîtrise des dépenses, de la montée en puissance des génériques, du déficit d’innovation ou encore de la vigilance accrue des agences chargées d’attribuer les autorisations de mise sur le marché, le seul secteur du médicament a vu son chiffre d’affaires s’amenuiser de 51,5 milliards d’euros en 2010 à 49,5 milliards en 2011.
Mais les besoins de la filière sont presque sans limite dans un monde médical en pleine mutation (allongement de la vie, polypathologies, maladies chroniques, émergentes, révolution des biotechs...).
Les enjeux ne sont pas minces.La filière santé (qui se caractérise par des groupes nationaux et internationaux mais aussi un tissu de PME innovantes) emploie directement 200 000 personnes et concerne 100 000 autres emplois indirects. Le CSF Santé s’intéresse aussi aux dispositifs médicaux (15,7 milliards d’euros de CA en 2011) et au diagnostic in vitro (1,7 milliard en 2011).
Devenir leader sur la médecine cellulaire et la e-santé.
Le premier objectif du CSF Santé est d’alimenter la réflexion du conseil stratégique des industries de santé (CSIS), en identifiant des actions concrètes. Créé sous le gouvernement Raffarin en 2005, le CSIS réunit tous les deux ans environ les entreprises du secteur et leurs ministères de tutelle. Très attendue, la prochaine édition se tiendra début juin sous l’égide de Matignon.
Le gouvernement va explorer plusieurs pistes. Il devrait maintenir le crédit impôt recherche (CIR) et ouvrir un « un important chantier de simplification administrative et normative », en échange d’un engagement des industriels sur la R&D, l’investissement et l’emploi. Les partenariats public-privé devraient être amplifiés, l’idée étant de créer un « écosystème santé » en France, permettant de soutenir les PME du secteur.
Autre objectif : augmenter la participation de la France dans les essais cliniques industriels. La mise en œuvre d’un contrat unique industriel/établissement de santé doit créer un environnement plus favorable.
Trois secteurs sont identifiés (médecine cellulaire et régénérative, médecine personnalisée et e-santé), dans lesquels la France doit pouvoir devenir le « leader incontesté ».
Un logo pour les médicaments européens.
Joint par « le Quotidien », Marc de Garidel (G5 Santé) livre d’autres objectifs. Un logo spécifique aux médicaments fabriqués en Europe pourrait être instauré, même si création est compliquée. Une réflexion sera engagée sur les formations aux nouveaux métiers en adéquation avec les nouveaux besoins. Des réunions sont programmées jusqu’à l’été, précise-t-il. « L’idée, c’est de décider des mesures concrètes sur la base du donnant donnant, et si possible applicables rapidement », analyse-t-il.
La France va-t-elle vraiment changer de braquet en misant sur la filière santé ? Prudent, Marc de Garidel a le sentiment que « les ministres ont instauré une dynamique ». Le rétablissement du dialogue avec les pouvoirs publics « est un élément clé pour permettre aux entreprises d’innover et de produire en France ». D’autres objectifs sont mis en avant : améliorer la traçabilité des lieux de production, lutter contre la contrefaçon...
Tout ceci laisse « un peu sceptique » l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué. « Pour innover, il faut le soutien actif de l’administration », souligne-t-il. Or, en France, le secteur de la santé relève de plusieurs ministères, comme le montre encore ce plan. « Il faudrait un guichet ministériel unique », juge-t-il.
L’économiste pointe du doigt le « discours schizophrène du gouvernement qui veut aider les entreprises...tout en les taxant trop ». Il se dit « dubitatif » sur l’aboutissement de cette offensive. « Je n’entends jamais ou presque François Hollande parler d’entreprises ou d’entrepreneurs », regrette-t-il.
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