Créés en 2016, les Centres gratuits d’information, de diagnostic et de dépistage (CeGIDD) sont nés de la fusion de deux entités, les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) et les Centres d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CIDDIST). Une réforme initiée pour garantir la simplification et la continuité du parcours des patients. On en dénombre plus de 300 en France.
Le profil d’activités des CeGIDD est fonction de leur localisation (Paris - Province), leur rattachement ou non à un hôpital (CeGIDD hospitalier ou non) et la population qu’il draine. La tradition de gratuité et d’anonymat est toujours la règle. Leur mandat, bien codifié, couvre globalement la prévention, le dépistage et le diagnostic du VIH, des hépatites et autres IST.
Avec l’apparition de nouveaux outils thérapeutiques (la PrEP, la TPE), leurs missions se sont diversifiées. Les CeGIDD sont désormais habilités à initier et renouveler la PrEP et à prescrire la TPE en cas d’accidents d’exposition au VIH, dans le respect des recommandations et des autorisations de mise sur le marché (AMM). La prescription de la contraception fait également partie de leur nouveau cahier des charges. Pour le Dr Pierre Demoor (médecin généraliste [MG], CeGIDD hospitalier, hôpital Bichat – Claude Bernard, Paris), « les CeGIDD sont des structures de premier recours destinées à une population à risque et vulnérable en demande d’information, de consultation et de traitement ne nécessitant pas l’intervention immédiate d’un spécialiste ». Il reconnaît les avantages des CeGIDD hospitaliers qui facilitent la prise en charge et le suivi des patients grâce à la proximité des services référents (maladies infectieuses, biologie, gynécologie, etc.).
Savoir aborder la santé sexuelle
Aborder la santé sexuelle pendant l’entretien avec le patient n’apparaît plus comme un tabou dans les CeGIDD. Les patients l’ont également compris. Ils font la démarche de venir dans cette structure dédiée aux IST et à la santé sexuelle car ils savent qu’ils peuvent parler aisément de leurs pratiques et problématiques sexuelles dans l’anonymat total. « S’y instaure généralement un dialogue sans jugement de valeur ni discrimination et complètement dissocié de l’acte sexuel », précise le Dr Demoor. Et les CeGIDD semblent avoir aussi compris que la santé sexuelle est un élément fondamental de la qualité de vie et que sa prise en charge doit s’inscrire dans la prise en charge globale des patients.
Pour le Dr Demoor, les MG ne sont pas encore suffisamment armés pour parler de santé sexuelle et gérer certaines IST. Le manque de formation en est une des raisons. « Mais, c’est surtout la représentation de la sexualité par le MG qui est en cause et qui nuit à l’instauration du dialogue au cours de l’entretien au cabinet médical » précise-t-il. Il n’hésite pas non plus à commenter les bénéfices d’un stage en CeGIDD d’un interne en médecine qui, après cette expérience, a réussi à lever bon nombre d’obstacles dans son approche sur la santé sexuelle des patients.
Le MG ne doit pas méconnaître toutes les occasions qui se présentent lors de l’entretien avec son patient pour aborder la santé sexuelle dans un climat de confiance. La demande de contraception, de dépistage de chlamydia, la vaccination anti-HPV, les pathologies du voyage sont quelques-unes des portes d’entrée qu’il faut saisir lors de chaque entretien pour parler de santé sexuelle. Il peut aussi s’aider de formulaires ou de questionnaires élaborés à cet effet. Le Dr Demoor recommande aussi de cibler les jeunes. « Ils sont curieux et plus réceptifs à entendre ces messages. Cela permet aussi de dédramatiser toutes les informations reçues via les réseaux sociaux. Des informations qui ne sont ni hiérarchisées ni toutes validées ». Enfin, s’il ne dispose pas de tous les outils nécessaires pour la prise en charge d’un cas compliqué, il peut référer le patient à un CeGIDD ou à un service spécialisé.
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