« LA LOI HPST sera-t-elle girondine ou jacobine ? », s’interroge le Dr Benoît Feger, président de l’Union régionale des médecins libéraux (URML) de Bretagne. Bien décidés à jouer leur partition de « représentants de la démocratie sanitaire » dans la très prochaine mise en uvre de sa version bretonne par l’agence régionale de santé (ARS), les médecins libéraux ont adressé une lettre ouverte aux candidats à l’élection régionale pour porter leur vision. Une vision « experte », selon les termes de l’URML, bâtie grâce aux années d’action menée à travers notamment les groupes qualité qui ont maillé l’ensemble du territoire régional ou encore les diagnostics des besoins des populations et des professionnels de santé, en cours de réalisation sur quatre « pays » (Vitré, Fougères, Centre-Ouest Bretagne et Pontivy).
« Les conseils régionaux ne possèdent pas de compétences spécifiques en matière (de santé) , en revanche, ils ont de façon transversale les moyens de promouvoir la santé sur leurs territoires dans le cadre de leurs compétences obligatoires : aménagement du territoire, formation professionnelle et recherche », considère ainsi l’URML. Par conséquent, poursuit l’union régionale, « pour maintenir une offre de soins équilibrée sur la Bretagne, le Conseil régional peut soutenir l’attractivité de la médecine libérale en accompagnant le développement des nouvelles organisations des professionnels de santé ».
La prise de position ne manquera pas d’être interprétée par l’ensemble des acteurs, à l’heure où les ARS se mettent en place et regrouperont en leur sein les prérogatives de la médecine ambulatoire qui étaient jusque là la charge des URCAM (unions régionales des caisses d’assurance-maladie). Pour le Dr Benoît Feger, c’est une question de bon sens. « La politique régionale de santé doit être appréhendée avec les acteurs régionaux, sinon nous aurons une politique nationale en région, note-t-il, avant d’ajouter : la santé fait partie de l’aménagement du territoire. A travers les quatre diagnostics de l’offre de soin menés en partenariat avec le Conseil régional, nous voyons bien comment se répartissent les flux de patients. Il faut observer le terrain et les pratiques, et ainsi, avec la poursuite d’une politique de la Région, éviter la construction de maisons de santé pluridisciplinaires sans projet de santé derrière, réfléchir aux modèles d’organisation qui appréhendent le mieux les réalités de terrain, comme nous l’avons fait sur Vitré avec un regroupement de professionnels du territoire imaginé de manière non pas physique mais virtuel… »
Reste à savoir si le prochain exécutif régional voudra peser sur ces questions d’organisation au nom surtout de deux compétences propres (la formation professionnelle et l’aménagement du territoire) et s’il le pourra. Car, in fine, l’ARS financera… ou non. « Aura-t-on les moyens de poursuivre cette politique innovante ? », s’interroge le président de l’URML. Réponse dans les prochains mois.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque