UNE ÉLECTION présidentielle aura lieu dans deux mois environ. Elle pourrait se traduire par une harmonisation des rôles joués par le président et par le Premier ministre, Donald Tusk, en poste depuis près de trois ans et dont les vues libérales n’étaient guère partagées par un chef de l’État eurosceptique, extrêmement conservateur. M. Kaczynski donnait de la Pologne l’image d’un pays qui bloquait la construction européenne alors qu’elle en tirait de nombreux avantages, dont l’émigration vers des pays européens qui leur accordaient des emplois, s’il ne fallait retenir que cet exemple. Personne n’a oublié que Lech Kaczynski a été l’un des derniers présidents (avec celui de la République tchèque, un autre eurosceptique) des ving-sept membres de l’Union européenne à signer le traité de Lisbonne. Il l’a fait de mauvaise grâce, en se faisant prier et en sachant pourtant qu’il ne pouvait s’opposer à la mise en route inéluctable du document.
Pas d’affinités avec Walesa.
On ne saurait passer sous silence le rôle parfois négatif qu’il a joué dans la politique intérieure de la Pologne où il a encouragé l’intolérance, notamment en s’associant à des partis extrémistes ou à une radio catholique virulente, xénophobe et antisémite (Radio Maryja), et en s’ingéniant à démolir de l’intérieur le grand syndicat historique, Solidarnosc, car il ne s’entendait guère avec Lech Walesa. La Russie et l’Allemagne lui inspiraient une forte aversion que le temps n’avait pas tempérée, de sorte que sa politique était celle de la méfiance et de l’hostilité envers ces deux puissances qui, certes, ont dépecée la Pologne en 1940, mais depuis, lui ont restitué sa souveraineté.
LECH KACZYINSKI N’ÉTAIT PAS ADAPTÉ À L’EUROPE D’AUJOURD’HUI
Il agissait donc comme s’il était encore sous le choc d’événements très douloureux mais qui n’entrent plus en ligne de compte dans l’élaboration d’une politique étrangère contemporaine.
Nul doute que son triomphe personnel, le 23 décembre 2005, date de son élection à la présidence, suivie, quelques mois plus tard de la nomination de son frère jumeau Jaroslaw, au poste de Premier ministre, résultait du combat contre le communisme qu’il a conduit toute sa vie. Il était intransigeant, comme tous les nationalistes, mais n’a pas évité l’écueil de la simplification de la pensée qui l’a conduit à livrer un combat d’arrière-garde contre l’Union européenne et contre ses anciens amis de Solidarnosc, pas moins anticommunistes que lui. Le monde aura retenu principalement le duo étonnant de Lech et de Jaroslaw, jumeaux authentiques et indistincts qui ont fourni d’excellentes photos à la presse mondiale. Leur gloire, cependant, a été brève, moins de deux ans.
Rapports tendus avec Tusk.
C’est à la faveur de législatives anticipées que Donald Tusk, pro-européen et pro-américain, a remplacé Jaroslaw. Changement qui a mis un terme à la théâtrale complicité des jumeaux, notamment lors de ces sommets européens où Jaroslaw consultait son frère à chaque instant au téléphone, ce qui ne facilitait guère l’examen de l’ordre du jour. Lech Kaczynski a gardé ses convictions, et la tâche du nouveau Premier ministre en a été compliquée : les rapports entre les deux hommes étaient tendus. De sorte que la mort du président, qui accable les Polonais, leur permet aussi de mettre en uvre une politique et une diplomatie plus modernes, sauf si la démagogie se greffe sur la douleur nationale pour tenter de déloger du pouvoir la droite libérale. Il serait regrettable que la Pologne fasse de nouveau un accès de nationalisme. Car M. Tusk est un chef de gouvernement moderne, parfaitement adpaté à une conjoncture difficile. L’économie polonaise, d’ailleurs, est l’une de celles qui ont le mieux résisté à la crise de 2008-2009. Les Polonais attendent donc légitimement une bonne reprise pour cette année et il serait dommage que les rivalités politiques compromettent un avenir immédiat plutôt ensoleillé.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité