APRÈS AVOIR SUBI une crise que presque personne n’avait prévue, nous entendons de sinistres prédictions dont rien ne nous garantit que, cette fois, elles sont fondées. Si l’on se réfère à l’état du monde pour prévoir de nouvelles catastrophes économiques et financières, l’exercice est vain : ni les déficits ni les dettes ne sont des phénomènes récemment apparus. Il ne s’agit pas de les faire disparaître, mais de les contenir. Avant 2007, les gouvernements s’obstinaient à ignorer les signes avant-coureurs d’une crise favorisée par un loyer dérisoire de l’argent ; aujourd’hui, comme dans une hallucination, ils croient en voir les fantômes.
Bisbilles BCE-FMI.
Comme il a fallu en premier lieu combattre les dettes par de nouveaux emprunts, la situation semble s’être arithmétiquement aggravée. Mais l’état d’esprit a changé. Un consensus mondial s’est créé autour de la nécessité de limiter l’endettement de façon draconienne ; si l’Europe n’a pas voulu accorder des fonds à la Grèce, c’est d’une part parce que ses statuts le lui interdisent et d’autre part parce qu’elle voulait que les Grecs, qui ont truqué leurs comptes pour entrer dans la zone euro, devaient, tôt ou tard, assumer leurs responsabilités. La monnaie unique n’est nullement menacée. La Banque centrale européenne, dirigée par Jean-Claude Trichet, n’a pas pour mission de voler au secours d’un pays-membre ; l’appel de la Grèce au FMI est un moyen de pression qu’Athènes exerce sur Bruxelles ; l’agacement de M. Trichet face au volontarisme de Dominique Strauss-Kahn, qui semble prêt à aider les pays européens comme s’il s’agissait de pays en développement, ne porte pas à conséquence. Ces péripéties sont seulement anecdotiques et aboutiront à une mise en ordre indispensable sur les rôles respectifs des institutions internationales et européennes.
L’EUROPE A BESOIN D’UN GOUVERNEMENT ÉCONOMIQUE
La croissance a repris à un rythme soutenu en Asie et en Afrique, elle a été forte au quatrième trimestre de 2009 aux États-Unis dont la courbe du chômage a cessé de monter. Signe incontestable : le prix du pétrole s’élève plus vite que ne l’autorise la croissance actuelle, signe que les acteurs économiques pressentent une belle reprise générale cette année. L’Allemagne, la France, les États-Unis sont déjà engagés, à des degrés divers, dans un effort de stabilisation des déficits, même s’ils comptent davantage sur la croissance à venir que sur leur sobriété. La prise de conscience des erreurs à ne plus commettre est désormais très répandue.Tout le monde raconte le scénario dit des dominos, en vertu duquel l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et même l’Italie vont dans quelques mois se retrouver dans la situation de la Grèce, c’est-à-dire en faillite. Mais les États ne font pas faillite ; ils empruntent de l’argent à un taux plus élevé quand diminue la confiance qu’inspirent leurs économies. C’est ce qui s’est passé avec la Grèce, qui vient d’emprunter cinq milliards d’euros à un taux qui est presque le double de celui que paie l’Allemagne. Les quatre pays cités ci-dessus vont devoir adopter une politique d’austérité, comme la Grèce. Le rejet par le peuple grec des mesures de rigueur n’est compréhensible que parce que ce sont toujours les classes pauvre et moyenne qui font les frais d’une hausse des impôts. Cependant, rien n’interdit aux socialistes grecs, actuellement au pouvoir, de taxer les riches. Madrid, Lisbonne, Rome et Paris devront en faire autant et sans trop attendre.
Un exécutif fort.
Le spectre d’une deuxième crise sera écarté d’autant plus vite que les Européens concevront, aussi tôt que possible, un statut de l’euro susceptible de le mettre à l’abri des fluctuations de l’économie mondiale (car l’euro n’est pas un talon d’Achille, c’est une force qui a réduit l’impact de la crise en Europe) ; qu’ils se donneront un exécutif fort, plus efficace que celui de MM. Barroso et Van Rompuy ; qu’ils diront clairement comment la solidarité entre États membres de l’Union doit s’exercer, ce qui n’est pas clair du tout, et comment elle doit s’exercer entre États de la zone euro ; qu’ils songeront à unifier enfin leurs politiques économiques pour que la monnaie unique ne soit pas tiraillée entre faibles et forts. ll est vrai que les pays de l’Union ne semblent pas prêts à de telles réformes.
On dit souvent que le président Obama doit accomplir une tâche de redressement écrasante. Pourtant, il n’a pas de problèmes avec sa monnaie et les difficultés d’un ou plusieurs des cinquante États américains ne pèsent pas directement sur le gouvernement fédéral. Pour l’Europe, il nous faut quelque chose de ce genre, sur les plans économique et financier.
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