Pr Feridoun Noohi : « On a construit des réseaux pour contourner le blocus »

Publié le 17/02/2014
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Crédit photo : DR

LE QUOTIDIEN : Quelle est l’incidence des maladies cardiovasculaires en Iran ?

PR FERIDOUN NOOHI : L’état de santé des Iraniens s’est remarquablement amélioré depuis la révolution. La vaccination a fait reculer la mortalité infantile, des maladies ont disparu. En cardiologie, l’Iran a changé de visage. On envoie des médecins faire de la prévention et du diagnostic au fin fond du pays. On ne voit plus de séquelles cardiaques associées aux rhumatismes articulaires. Les maladies d’aujourd’hui sont celles des grands pays industrialisés : hypertension artérielle, diabète... Les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de mortalité, devant les accidents de la route.

Quels sont vos besoins en médicaments et dispositifs médicaux ?

La situation est assez stable aujourd’hui : la pharmacie de mon hôpital a une réserve de 1 000 stents. Mais ces deux dernières années, on a eu de gros manques, gérés comme on a pu. L’Iran est en capacité de produire plus de 90 % des médicaments dont il a besoin, en fabriquant le principe actif, ou en conditionnant le principe actif importé, comme pour le Plavix. Malheureusement, le prix du principe actif importé a beaucoup augmenté. Une grande partie de notre budget santé est engloutie dans l’achat de médicaments étrangers très coûteux que nous ne fabriquons pas encore (contre la sclérose en plaque, les maladies rares...). Leur prix a doublé. On a construit des réseaux pour contourner le blocus bancaire. La peur de manquer était forte : on a plus souffert des sanctions psychologiquement que physiquement.

Vous avez visité des hôpitaux parisiens dernièrement. Quelles différences avez-vous relevées ?

Au niveau des soins, des équipements, c’est à peu près la même chose. Ici aussi, l’échocardiographie en 3D se fait en routine. Nous greffons des cœurs, nous essayons d’acquérir les dernières technologies. Poser un cœur artificiel ? Les moyens manquent, mais c’est le vœu de notre pays. La différence avec la France, c’est l’accès aux médicaments. Certains patients refusent le générique iranien, ils veulent l’original. L’attente est très forte vis-à-vis de l’Occident, pour qu’il libère notre système bancaire, et que l’on puisse enfin acheter les médicaments étrangers librement.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9302