IL N’EST PAS COURANT que le chef de l’État prononce un discours à l’Élysée, à l’issue d’un conseil des ministres. Mais personne ne pouvait s’attendre, après la défaite de l’UMP aux régionales, à des annonces fracassantes. D’autant que le fracas aura été l’une des raisons principales du mécontentement à droite. Personne ne pouvait s’étonner non plus que le président reporte la taxe carbone, l’un de ses mesures les plus impopulaires de son mandat. Michel Rocard peut oser dire que le report de la taxe carbone est un « crime contre l’humanité », ce n’est pas lui qui affrontera les élections générales de 2012. L’exigence d’une taxe européenne, qui s’exprime après l’adoption jugée hâtive de la mesure nationale, contient d’ailleurs une bonne part de logique. De toute façon, on ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif : nos concitoyens ne veulent pas de cette taxe et le pouvoir n’est plus en mesure de dilapider la moindre des voix susceptibles de se porter sur la droite.
Il va être sourd à la gauche.
L’opposition, les écologistes en particulier, auront beau l’accabler de leurs sévères jugements, M. Sarkozy ne les entendra plus. On aura noté le silence de Jean-Louis Borloo, qui n’a pas eu le centième du courage de Chantal Jouanno : c’est la secrétaire d’État, et non le ministre, qui s’est déclarée désespérée par la décision, sans envisager pour autant de démissionner. Le pays va assister à un durcissement de la politique du gouvernement, lequel s’embarrassera de moins en moins des bonnes manières dans ses rapports avec la gauche et avec ceux des leaders de la droite qui voudraient marquer leur différence ou faire des caprices en dépit de la crise née de la défaite.
L’enjeu est immense : il consiste à convaincre chacun des vingt millions d’abstentionnistes de 2010 qu’ils doivent voter pour la droite en 2012. La tâche est tellement ardue que M. Sarkozy ne perdra plus de temps à se comporter comme un homme providentiel dont les idées sont universelles. Il lui faut convaincre l’électorat de droite et lui seul. Ce n’est pas un hasard si, au sujet de la nomination d’un nouveau président de la HALDE, M. Sarkozy n’a écouté ni Gérard Longuet, qui rejetait la candidature de Malek Boutih parce qu’il n’appartenait au « grand corps traditionnel français », ni les autres, ceux qui soutenaient M. Boutih. Le président, en nommant Jeannette Bougrab, a gardé l’idée d’une personne issue de l’immigration, mais il a tenu à ce qu’elle vienne de la droite.
L’ENJEU EST DE CONVAINCRE DES MILLIONS D’ABSTENTIONNISTES DE VOTER POUR LA DROITE EN 2012
Retour au manichéisme.
Au moins le séisme électoral a-t-il eu pour effet de renvoyer le président à des idées plus simples et plus claires, à un mode d’action unifié, à un minimum de cohérence. Il sera tout autant vitupéré par la gauche, qui a toujours tempêté contre le débauchage de ministres dans ses rangs. Il lui reste très peu de temps pour redevenir le président de ses électeurs, qui ne sont pas sûrs, à l’heure qu’il est, de vouloir se réconcilier avec lui. Il n’a pas fait pour autant un ménage plus complet au sein du gouvernement ; il a gardé Frédéric Mitterrand, Bernard Kouchner, Fadela Amara, Jean-Marie Bockel. Ce qui semble indiquer les limites de la détermination avec laquelle il entend s’engager dans la reconquête de ses soutiens populaires. Il n’est pas impossible que le remaniement prévu, nous dit-on, pour l’année prochaine, élimine les ministres d’ouverture, afin que le pouvoir lance une bataille bien manichéenne, droite contre gauche, pour la présidentielle de 2012.
Ne nous hâtons pas de dire que M. Sarkozy ne se ressemble plus, a pris de la bouteille, s’est normalisé, ou a renoncé à ses chers principes, comme travailler plus pour gagner plus, ou encore : la politique, ce n’est pas la guerre civile. Quoi qu’on en dise, l’impact des régionales est nul sur le plan régional ; que le chef de l’État accuse réception du message envoyé par les urnes est naturel, mais n’a qu’un temps. Il refera des promesses qu’il tiendra ou non, il s’investira corps et âme dans des actions qu’il continuera à présenter comme vitales ou décisives pour les renier plus tard. Le « benchmarking », c’est-à-dire le comparatif audiovisuel à la fois incessant et cruel entre ce que M. Sarkzoy a dit il y a quelques mois et ce qu’il dit maintenant, se poursuivra de façon implacable. C’est la règle du jeu.
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