Infections, maladie atopique, QI

Allaitement maternel : des bénéfices pour toute la vie

Publié le 02/04/2015
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Une immunité passive mais pas seulement...

Une immunité passive mais pas seulement...
Crédit photo : PHANIE

La démonstration de l’« efficacité » du lait maternel a été faite le plus souvent dans des conditions d’allaitement exclusif, sur 6 mois et plus (alors mixte, en association avec la diversification) pour la prévention des gastro-entérites et dans une moindre mesure des infections respiratoires et ORL.

« Toutefois, chaque jour ou semaine d’allaitement compte, et même un allaitement mixte, en comparaison de l’alimentation artificielle, apporte un bénéfice en termes de prévention pour la santé du nouveau-né, du nourrisson, de l’enfant et du futur adulte », observe le Dr Rigourd.

En ce qui concerne les infections donc, avec le lait maternel, une immunité passive est transmise qui, en complément des vaccinations, réduit la fréquence et la sévérité des infections de la petite enfance, ce qui se traduit dans les pays en développement par une diminution significative de la mortalité. En France, les enfants font moins d’otites, de rhinopharyngites, d’infections pulmonaires, de gastro-entérites et sont moins hospitalisés pour ces motifs. Par ailleurs, le risque de mort subite est augmenté en l’absence d’allaitement maternel à 1 mois.

Un adulte protégé

Deuxième volant de bénéfices, la prévention des pathologies du futur adulte : obésité, diabète et hypertension artérielle. Les mécanismes commencent à être identifiés : meilleure régulation de la quantité de lait ingérée, diversification facilitée en raison de l’exposition à des saveurs aussi différentes que dans le liquide amniotique, et à terme une appétence favorisée pour les régimes plus équilibrés, insulinémie moins élevée (que pour les nourrissons nourris par les préparations infantiles) notamment, mais surtout en raison d’une modification dans le bon sens de l’environnement de certains organes (foie, rein et pancréas) ou tissus (vaisseaux).

Autre atout du lait maternel, l’amélioration de la fonction cérébrale (+ 3 à 5 points de QI) chez l’enfant et le futur adulte, ainsi que de son futur niveau socio-économique, avec un effet dose-dépendant de l’allaitement prolongé.

En suspens

Plus controversée, la prévention de la maladie atopique. Elle serait effective pour l’asthme, la dermatite atopique et l’allergie alimentaire à condition que l’allaitement soit exclusif et prolongé dans les familles les plus à risque. Cependant, l’allergie aux protéines du lait de vache peut être médiée par le lait maternel aussi, induisant une sensibilisation précoce et obligeant à un régime particulier d’exclusion pour la mère.

« Pour le nouveau-né fragile et immature, de petit poids de naissance, la supériorité nutritionnelle et immunologique du lait de femme versus le lait artificiel est incontestable, insiste-t-elle, en termes de morbimortalité, amélioration du pronostic digestif, neuropsychomoteur et de croissance. » Il prévient, qu’il soit ou non pasteurisé, les entérocolites ulcéronécrosantes et les infections secondaires.

Ces enfants, en particulier nés à moins de 32 semaines d’aménorrhée (SA), doivent être obligatoirement nourris avec du lait de femme, don direct de « lait cru » ou de lait pasteurisé de la mère à son enfant ou lait de lactarium (un mélange, pasteurisé, de surplus de lait de femmes).

La mère aussi

La mère également tire parti de l’allaitement : involution utérine facilitée entraînant une limitation du risque d’infection ou d’anémie du post-partum, mobilisation des graisses supérieure, prévention de certains cancers sein et ovaire. Enfin, les mères comme les professionnels de santé doivent être vigilants sur les risques liés au passage dans le lait de médicaments, de toxiques (tabac, drogues et alcool) et de xénobiotiques. Le rapport bénéfices/risques reste toutefois, dans la majeure partie des cas, en faveur de la poursuite de l’allaitement maternel…

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du Médecin: 9400