Enfant ronfleur, enfant à risque

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Publié le 08/11/2021
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« Devant un enfant qui ronfle, est-on toujours face à une inoffensive anomalie sonore, rien n’est moins sûr ». Lors du congrès, le Dr Mohamed Akkari (CHU de Montpellier) a battu en brèche le mythe du ronflement forcément bénin chez l’enfant. Le ronflement appartient en fait à un continuum très bien défini par l’European Respiratory Society en 2016, qui part du ronflement simple pour passer par le syndrome de résistance des voies aériennes supérieures, l’hypoventilation obstructive nocturne et, in fine, le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS). « Ce n’est pas anodin, et il faut toujours s’interroger sur le niveau de sévérité. »

Long terme

L’enjeu est de taille vu les conséquences potentiellement délétères des SAOS chez l’enfant, et en particulier sur le plan métabolique et cognitif. On connaissait le risque d’énurésie associée au ronflement, avec ou sans SAOS, via l’augmentation des peptides natriurétiques, le risque de somnolence diurne, de troubles du comportement, de retentissement sur la qualité de vie, sur la croissance voire l’aggravation d’un asthme.

D’autres effets se manifestent à plus long terme. Ainsi, il a été mis en évidence que le SAOS augmente l’insulinorésistance et le LDL et diminue le HDL, avec apparition d’une dysfonction endothéliale précurseur d’une athérosclérose précoce, des effets d’autant plus marqués que l’enfant est en surpoids. « Une étude a par ailleurs mis en évidence une détérioration de la fonction cognitive corrélée à la sévérité du SAOS chez des enfants d’âge scolaire, avec même, en l’absence de traduction clinique, une perte de matière grise et de neurones dans plusieurs zones du cerveau qui pourrait entraîner un retard de croissance cérébral », avertit le Pr David Gozal (États-Unis).

Or des traitements généralement très simples pourraient éviter ces conséquences. « Il n’est pas question de réaliser une polygraphie ventilatoire ou une polysomnographie chez tous les enfants ronfleurs mais on pourrait les proposer avant une intervention sur les végétations et les amygdales si on a un doute sur leur réelle implication dans le SAOS, surtout s’il paraît plus complexe dans un contexte d’obésité, de syndrome métabolique, de pathologies malformatives ou génétiques », conclut le Pr Patricia Franco (Troubles du sommeil et de neurologie fonctionnelle de l’enfant, Lyon).


Source : lequotidiendumedecin.fr