Entretien avec le député de Haute-Garonne

Joël Aviragnet (PS) : « La réforme des hôpitaux de proximité est très inquiétante »

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Publié le 14/03/2019
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LE QUOTIDIEN : Dans quel état d’esprit êtes-vous avant les débats en séance ?

JOËL AVIRAGNET : Très inquiet. Sur le numerus clausus d’abord : le gouvernement annonce qu’il est supprimé mais quand on regarde l’étude d’impact et le projet de loi, on voit bien qu’en l’absence de financements supplémentaires pour la formation et les stages, cela ne va pas changer grand-chose… Or, nous sommes tous confrontés, dans les zones rurales et périphériques, à un manque flagrant de médecins. Il y a une angoisse de la population à laquelle il faut apporter rapidement des réponses.

À l’inverse, nous allons soutenir la création des CPTS. Faire travailler en collectif les médecins avec les autres professionnels de santé et organiser ainsi la continuité des soins est important. C’est une attente des jeunes médecins. Nous soutiendrons aussi tout ce qui va vers la numérisation accrue de notre système de santé.

Sur quels sujets serez-vous particulièrement attentif ?

Pour les élus ruraux, la réforme des hôpitaux de proximité est très inquiétante. Toute la communication du gouvernement consiste à faire croire que 600 nouveaux établissements vont être créés. Or, ce n’est pas le cas. On va simplement transformer ceux qui existent déjà ! La ministre affirme que dans les petits hôpitaux, les soins ne sont pas bien dispensés. C’est faux. Les gens y travaillent bien, à condition qu’ils aient des moyens. Et pour la population, c’est important d’avoir des hôpitaux de proximité.

En plus, tout se fera par ordonnance. Les parlementaires ne pourront pas s’en saisir ni débattre. Aujourd'hui, un hôpital de proximité n’a ni maternité, ni plateau technique. Le gouvernement dit qu’il veut revoir ces critères. Comment tout cela va-t-il se négocier ? Les professionnels seront-ils concertés ? Nous allons proposer des amendements pour supprimer les articles qui habilitent le gouvernement à légiférer par ordonnances.

Vous avez déposé d’autres amendements ?

Oui, 74 au total. Sur le numerus clausus, nous proposons de remplacer dans le texte de loi le mot "épreuve" par "examen". C’est une simple astuce qui nous permettra d’engager un débat sur la question et de dénoncer le fait que cette suppression n’en est pas une.

Nous proposons aussi une expérimentation pour faciliter le recrutement des professionnels de santé dans les établissements du secteur médico-social en harmonisant les niveaux rémunérations avec le secteur libéral.

Un autre amendement vise à donner un pouvoir de décision aux élus locaux dans la gouvernance des CPTS. Enfin, nous proposerons de rétablir le tiers payant généralisé et l’encadrement des dépassements d’honoraires.

Propos recueillis par M.D.P Exergue1/ Nous proposerons de rétablir le tiers payant généralisé et l’encadrement des dépassements d’honoraires.

Source : Le Quotidien du médecin: 9732