Troubles respiratoires obstructifs du sommeil chez l’enfant

Les atouts de l’oxymétrie nocturne pour le diagnostic

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Publié le 06/09/2018
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SAOS

SAOS
Crédit photo : PHANIE

Les troubles respiratoires obstructifs du sommeil sont assez fréquents chez l’enfant : leur prévalence a été estimée à environ 1 % dans une étude de cohorte de 2010. Ces troubles peuvent avoir des conséquences délétères sur le développement staturo-pondéral et cognitif de l’enfant ainsi que sur son système cardiovasculaire, et doivent donc être reconnus et pris en charge.

Aujourd’hui, le faible nombre de laboratoires du sommeil dédiés aux enfants et le coût élevé de la polysomnographie font que la majorité des patients sont traités sans que le diagnostic n’ait été confirmé par cet examen. De nombreux travaux publiés ces derniers mois portent sur l’évaluation d’autres méthodes diagnostiques, telle l’oxymétrie nocturne à domicile, beaucoup plus accessible que la polysomnographie. Une revue d’experts publiée en début d’année conclut globalement à la pertinence de cet examen pour prédire les syndromes d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) modérés à sévères (index apnées/hypopnées > 5/h). Les experts rappellent toutefois que cet examen est moins fiable dans certains groupes d’enfants, comme ceux ayant une obésité ou un syndrome de Down, et qu’il ne résout pas le problème du dépistage du SAOS léger.

Développement du Sonomat

Les tests de mesure à domicile, tels que la polygraphie, largement utilisée chez les adultes, ne sont pour l’instant pas recommandés chez les enfants. Après la publication récente de plusieurs articles sur ce sujet, l’Académie américaine de médecine du sommeil a en effet pris position dans ce sens, tout en rappelant que les évaluations doivent se poursuivre. Dans sa revue de la littérature, le Pr Jean-Paul Praud (Sherbrooke, Canada) souligne l’intérêt suscité par un nouveau système en développement, le Sonomat, qui est un surmatelas doté de différents capteurs capables d’identifier les mouvements corporels et respiratoires ainsi que les bruits cardiaques et respiratoires. Il pourrait ainsi permettre d’établir le diagnostic des troubles respiratoires du sommeil (ronflements, apnées, hypopnées) sans nécessiter la pose de capteurs ou de sondes, ce qui serait particulièrement adapté à l’exploration des enfants. Il a pour l’instant été validé dans une étude menée chez 76 enfants âgés de 2 à 17 ans.

Endoscopie sous sommeil induit

Autre exploration qui a fait l’objet de plusieurs publications récentes : l’endoscopie sous sommeil induit, proposée non pour le diagnostic de SAOS, mais pour optimiser le traitement chirurgical chez les nourrissons et les enfants. Cet examen consiste en l’exploration des sites obstructifs des voies aériennes supérieures lors d’une anesthésie générale se rapprochant au mieux des conditions normales de sommeil. Selon une revue de la littérature publiée en 2017, cette technique se montre sans danger et informative, mais ses indications et protocole doivent être standardisés. Pour l’instant, elle est surtout utilisée après échec d’une adénoamygdalectomie. Mais certaines équipes qui y ont recours chez des enfants naïfs de chirurgie montrent que les données apportées par cette exploration peuvent modifier le geste chirurgical dans un tiers des cas.

La Société européenne de pneumologie a publié un état des lieux sur les troubles respiratoires obstructifs du sommeil chez l’enfant âgé de 1 à 23 mois. Un document unique, qui tient compte des spécificités de chaque pays en matière d’accès aux explorations et d’habitudes de traitement. Il propose une démarche diagnostique et thérapeutique étape par étape et aborde aussi le cas des malformations, syndromiques ou non, ainsi que les situations complexes comme le Prader-Willi ou la trisomie 21.

Pour le traitement, les données sur l’éviction de la position couchée sur le dos, préconisée chez l’adulte, sont plus parcellaires quant aux enfants, qui presque tous adoptent cette position de façon spontanée. De plus amples évaluations sont donc nécessaires.

Enfin, l’initiation du traitement par pression positive continue avec autotitration paraît être une stratégie efficace, selon les résultats d’une étude rétrospective menée sur 26 enfants âgés de 12 ans en moyenne. 

 

Présentation du Pr Jean-Paul Praud, Sherbrooke, Canada

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9683