Quel risque de séquelles cardiaques ?

Publié le 12/06/2020
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Le Covid risque-t-il de laisser des séquelles cardiaques notamment chez le patient qui ont fait des formes graves ? « Le SARS-CoV-2 a en effet un tropisme pour le muscle cardiaque, rappelle le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue (Pôle Cardio-Vasculaire-Pulmonaire CHU de Lille), et comme toute infection virale, l’inflammation peut être à l’origine d’une myocardite (10 à 20 % des patients hospitalisés pour Covid-19) laquelle peut se compliquer à la phase aiguë du Covid-19 de troubles du rythme de l’oreillette gauche, généralement passagers ».

Quand la myocardite est grave et se complique d’insuffisance cardiaque, celle-ci peut perdurer plusieurs mois, et requiert un traitement réajusté tous les 15 jours puis une surveillance tous les mois et tous les 3 mois, jusqu’à normalisation complète de la fonction cardiaque. Cependant, « dans quelques cas (nous n’avons pas suffisamment de recul à ce stade pour en évaluer la prévalence), le myocarde ne va pas complètement récupérer et le patient gardera une insuffisance cardiaque résiduelle, séquelle du Covid-19, prévient le Pr Mounier-Véhier. Nous le constatons également dans certains cas d’infection grippale, où le muscle cardiaque a été très atteint par l’inflammation liée à l’infection virale et ne parvient pas à récupérer, conservant une insuffisance cardiaque résiduelle. »

Par ailleurs, l’infection virale peut provoquer des thromboses veineuses avec la possibilité de séquelles graves. « Ce syndrome post-thrombotique veineux, chez des patients ayant fait des phlébites extensives des membres inférieurs est très handicapant sur le plan fonctionnel. De même, en cas d’embolie pulmonaire très grave thrombosant une ou deux artères pulmonaires, le patient peut souffrir, à distance de l’infection virale, d’une hypertension artérielle pulmonaire. »

Enfin, comme dans toute inflammation grave, avec forte fièvre et tachycardie, la maladie coronaire, connue ou non, aura pu être déstabilisée avec syndrome coronaire aigu, souvent compliqué du fait d’une arrivée tardive des patients, appelant le Samu avec retard, craignant d’être hospitalisés. « De fait ces patients, ne pouvant pas toujours être revascularisés, risquent de garder des séquelles graves telle qu’une insuffisance cardiaque et pose de défibrillateur plus ou moins sévère. »

HJ

Source : lequotidiendumedecin.fr