-De Gaulle : un unique bulletin de santé
Bien que président sur le tard (de 67 à 78 ans), le général de Gaulle n’aura été souffrant qu’à une occasion (connue) durant ses deux mandats : le 17 avril 1965, il est hospitalisé durant deux semaines à Cochin, pour une HBP (hypertrophie bénigne de la prostate). L’historien et journaliste Max Gallo révélera que c’est l’intéressé qui a dicté lui-même à son chirurgien, le Pr Pierre Aboulker, avant même l’intervention, le communiqué qui sera publié après « si Dieu veut qu’elle se déroule sans surprise » : « Le Général de Gaulle a été opéré ce matin d’une affection de la prostate. L’opération s’est passé normalement et l’état du général est très satisfaisant ». Tel fut son seul et unique bulletin de santé. Sincère « par la grâce de Dieu », mais apocryphe.
-Pompidou : mensonge jusqu’à la mort
Hormis les communiqués annonçant des annulations d’agenda pour raison de santé, l’Élysée ne rendra publics que deux bulletins en 1974, signés du Pr Jean Vignalou. Alors que, depuis l’automne 1973, le président vit retiré dans son appartement privé quai de Béthune sous assistance médicale permanente, ils font état de simples grippes, puis d’une « lésion bénigne d’origine vasculaire dans la région ano-rectale, hyperalgique par intermittence ».
Le troisième bulletin annonce le décès du président le 2 avril 1974. Diagnostiquée selon le Pr Jean Bernard dès 1968, le nom de la maladie de Waldenström ne sera dévoilé par Claude Pompidou qu’en 1982. Secret d’État post-mortem.
-Giscard : promesse non tenue
Aucune information n’a été rendue publique, en dépit de la promesse du candidat VGE, lequel s’était engagé à publier régulièrement ses bulletins de santé.
-Mitterrand : transparence truquée pendant 11 ans
Diagnostiqué dès novembre 1981, le cancer de la prostate métastasé restera un secret d’État jusqu’à une première intervention, en 1992, avec des bulletins de santé publiés tous les six mois et falsifiés sur ordre du président. Comme Pompidou, Mitterrand semble avoir gardé ses facultés intellectuelles jusqu’au bout, mais, comme lui, il avait sérieusement ralenti ses activités à la fin de son second septennat, accompagné jour et nuit à partir de septembre 1994 par un anesthésiste réanimateur, le Dr Jean-Pierre Tarot. Il meurt en janvier 1995, ayant accompli ses deux septennats en déjouant les pronostics de ses médecins.
Chirac : en 2005, « l’Élysée, c’est l’hôpital »
Après avoir promis de donner « toute information significative sur son état de santé », Jacques Chirac avait attendu son hospitalisation en septembre 2005, à l’âge de 72 ans, au Val-de-Grâce, pour publier trois bulletins de santé sur « un petit accident vasculaire cérébral » avec une « évolution très favorable ». Mais le président de l’Ordre des médecins, le Pr Jacques Roland, dénonce « des communiqués présentés comme médicaux, en réalité mis au point par le patient, ses proches et ses conseillers ». De fait, « le président était nettement diminué et l’Élysée, c’est l’hôpital », confie un proche en octobre 2005.
Sarkozy : une hospitalisation cachée
Après avoir promis au Quotidien des bulletins semestriels, Nicolas Sarkozy n’en a communiqué que trois, en 2007, 2009 et 2012. Il a tu une brève hospitalisation en 2007, au Val-de-Grâce pour l’ablation d’un phlegmon. En 2009, il est à nouveau hospitalisé à la suite d’un malaise survenu lors d’un jogging, trois semaines après la publication d’un bulletin de santé qui informait que ses examens vasculaires et sanguins s’étaient « révélés normaux ». Cette fois, l’hospitalisation est rendue publique, des témoins ayant assisté au malaise présidentiel.
Hollande : Mensonge par omission
S’il a tenu les engagements qu’il avait communiqués au Quotidien (Le QdM du 5/04/2012), en publiant quatre bulletins de (bonne) santé au cours de son quinquennat, le candidat Hollande s’est vu reprocher d’avoir caché une opération de la prostate subie à Cochin en 2011, intervention restée secrète puisqu’elle n’apparaissait pas dans son agenda de l’époque. L’Élysée évoque « une intervention bénigne qui n’a nécessité aucun suivi médical », alors que, commentent les spécialistes, un suivi biologique et médical régulier s’impose en pareil cas, ne serait-ce que par précaution. Mensonge par omission.
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