La FST « sommeil »

Une place pour les cardiologues

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Publié le 21/06/2018
masque sommeil

masque sommeil
Crédit photo : Phanie

Avec la réforme de 2017, les DES ont donné naissance pour les spécialistes à ce qu’on appelle les FST, les formations spécialisées transversales. Quatre sont ouvertes aux cardiologues : « réadaptation », « cardiologue du sport », « thérapeutique », et « sommeil ».

« Sur les 3 500 médecins français déclarés somnologues selon Ameli, on a aujourd’hui un tiers d’ORL, de pneumologues et de cardiologues », indique le Pr Jean-Marc Davy (CHU de Montpellier). Ce sont en effet essentiellement ces trois types de spécialistes qui prennent en charge le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) en ville. Néanmoins, la FST « sommeil » est ouverte à d’autres spécialistes, qui interviennent essentiellement au sein des centres du sommeil : les neurologues, historiquement à l’origine, dès les années 50, de l’étude du sommeil, les psychiatres (pour les relations SAS-dépression), les gériatres, les pédiatres, et certains chirurgiens (ORL, maxillofacial, oral).

Un syndrome très répandu

Aujourd’hui, un million de Français souffrent du SAS. Ce chiffre a augmenté ces dernières années de 10 % par an. Leur prise en charge vise à une amélioration symptomatique, la seule indication actuellement reconnue par les autorités de santé. Le traitement ne vise donc qu’à réduire la somnolence diurne, la fatigue, et à ainsi améliorer la qualité de vie des patients.

Le syndrome est néanmoins associé à des complications cardiovasculaires, les études épidémiologiques l’ont largement montré. Mais aucune étude d’intervention n’est arrivée jusqu’à présent à démontrer l’efficacité de son traitement sur la morbimortalité cardiovasculaire, ce qui explique que l’indication soit aussi restreinte aujourd’hui.

Il faut souligner aussi, comme le rappelle le Pr Davy, que « le dépistage systématique du SAS, en l’absence de plaintes ou de symptômes, n’est nullement recommandé, y compris lors d’insuffisance cardiaque, de fibrillation atriale, d’HTA ou d’antécédent d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral ».

Deux options de traitement

Au-delà de la « chirurgie du ronflement », délicate, deux options s’offrent aux patients : les orthèses d’avancée mandibulaire, et la ventilation en pression positive continue (PPC) délivrée au moyen d’un masque. Or, si les orthèses ne peuvent être indiquées que pour un patient sur deux, les masques sont utilisables par tous ; c’est l’une des raisons pour lesquelles ils sont très largement prescrits en France (lire l’encadré). Toutefois, il faut garder à l’esprit que si l’orthèse est en théorie, dans les études cliniques, moins efficace que le masque, dans la vraie vie, c’est moins net. Le masque est parfois mal toléré ; or, il doit être porté toute la nuit ; s’il ne l’est qu’une ou deux heures, son efficacité est nulle. A contrario, les orthèses sont souvent gardées toute la nuit. Elles permettent de réduire le niveau d’un SAS de sévère à modéré, équivalant à cinq ou six heures de masque. C’est en pratique clinique une notion à garder en mémoire, qui implique d’évaluer l’adhérence potentielle au traitement avant de préconiser telle ou telle option thérapeutique.

D’après un entretien avec le Pr Jean-Marc Davy (CHU de Montpellier)

Pascale Solere

Source : Bilan Spécialiste