Selon une étude québéquoise récemment présentée au Congrès International ADELF-SFSP « Santé publique et prévention » à Bordeaux (1), la qualité des soins prodigués par les femmes médecins est supérieure à celle des hommes.
› Des chercheurs du Département d'administration de la santé de l'université de Montréal sont parvenus à cette conclusion en étudiant les données de facturation de médecins québécois, moitié hommes moitié femmes, en fonction de leurs interventions auprès de patients diabétiques âgés. Le Québec a mis en place en 2002 les groupes de médecine de famille (GMF) pour améliorer l’organisation des services de première ligne. L’échantillon de l’étude a porté sur 906 médecins(431 femmes et 475 hommes) et leurs patients diabétiques. Les indicateurs de qualité ont été choisis à partir du guide de pratique de l’Association canadienne des diabétiques. La productivité a été mesurée par le nombre d’actes total facturés par année. Des tests de Student ont permis de déterminer si les moyennes selon le sexe étaient significativement différentes. Pour juger de la qualité des soins, les indicateurs de qualité ont été choisis à partir du guide de pratique de l’Association canadienne des diabétiques.
› Ainsi, davantage de patients suivis par des médecins de sexe féminin ont eu une visite chez un ophtalmo (73 % vs 70 %), plus de patients ont reçu un « counselling » tabagique (1,8 % vs 1,4 %), plus de patients de 65 ans et plus ont eu au moins une prescription de statine pendant l’année (68,2 % vs 64 %), une prescription d’un IEC ou d’un ARA pendant l’année (69,5 % vs 65,7 %) et ont eu un examen complet annuel (43 % vs 31 %).
« Les femmes ont obtenu des scores significativement plus élevés en matière de conformité aux guides de pratique. Elles sont plus nombreuses que les hommes à prescrire les médicaments recommandés et à planifier les examens requis », explique l'auteur principal de l'étude, Valérie Martel.
Seule différence en faveur du sexe « fort », la productivité des médecins de sexe féminin est inférieure à celle des hommes (3 100 vs 4 920 actes facturés dans l’année).
› Ces résultats sont toutefois à pondérer avec l’aspect générationnel. En effet, cette étude comporte un volet sur l'âge des cliniciens et l’une des hypothèses des chercheurs était que les différences entre les pratiques masculines et féminines s'amenuisent avec le temps. « On observe de plus en plus d'hommes prendre du temps avec leur patient, au détriment de leur productivité, et de plus en plus de femmes tendre vers une hausse du nombre d'actes. Cet aspect a été démontré. Plus les médecins sont jeunes, moins les différences apparaissent significatives », précise les auteurs.
› Dans le contexte de la féminisation de la profession médicale, les résultats de cette étude semblent sans appel. Les auteurs « interpellent les décideurs sur la planification des ressources humaines en santé et les défis que pose cette augmentation de la prévalence des femmes. Il faudrait examiner en particulier le ratio gains/bénéfices d'une plus grande qualité, combinée à une plus faible productivité ».
Congrès International ADELF-SFSP « Santé publique et prévention », Bordeaux, 17-19 octobre 2013. Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique. Volume 61, Supplement 4, October 2013, P.S210–S211.
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