Le début de la désillusion ? Lors du 4e colloque organisé par l'association Soins aux professionnels de santé (SPS) à Paris, les représentants de structures d'étudiants (ANEMF) et d'internes en médecine (ISNI, ISNAR-IMG) ont regretté que les constats alarmants sur la santé mentale des futurs médecins soient peu suivis d'effet.
En juin 2017, les structures représentatives des juniors avaient pourtant mené une vaste enquête aux résultats très préoccupants, rappelle le président de l'ISNI Antoine Reydellet. « Sur les 22 000 jeunes ayant répondu au questionnaire, 66 % font état d'anxiété, 28 % souffrent de dépression et 24 % ont des idées suicidaires… », rappelle l'interne en médecine du travail. Plusieurs facteurs de risques étaient identifiés pour chaque problème, comme « les violences psychologiques » de la part des supérieurs dans le cas de la dépression.
Cette enquête sur la santé mentale a été suivie d'un rapport du Dr Donata Marra sur la qualité de vie des étudiants en santé, remis au gouvernement en avril dernier. Il énumère plusieurs mesures immédiates pour améliorer la situation, dont la formation des enseignants, davantage d'encadrement des stages hospitaliers, des « circuits courts psychiatriques » pour orienter les carabins en souffrance,ou encore une meilleure communication sur les dispositifs de soutien existants.
Les deux ministres avaient promis la généralisation de cellules d'écoute avant la fin de l'année 2018 et la création d'un « centre national d'appui » (avec des représentants d'étudiants, de patients, de doyens et de l'Ordre) afin de promouvoir la qualité de vie des étudiants en santé et des soignants.
Le management des PU-PH en cause
Après ces promesses, l'impatience grandit chez les jeunes et notamment les internes. Certes, des progrès ont été faits, en commençant par la réforme des études : décriées, les ECN vont être supprimées tandis que la réforme du premier cycle (fin du numerus clausus et de la PACES) est actée avec l'objectif d'en finir avec le gâchis humain et de diversifier les profils.
Mais cela ne suffit pas. « Nous mesurons les limites de l'enquête et du rapport : peu de mesures concrètes ont été mises en place. Nous attendons toujours la création du centre national d'appui », regrette Lucie Garcin, présidente de l'InterSyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale (ISNAR-IMG).
« La visite médicale du travail est encore très peu réalisée par les internes quand ils commencent leurs stages professionnels. Par ailleurs, les formations en management pour les PU-PH sont encore peu nombreuses… », complète Antoine Reydellet, patron de l'ISNI. Les internes continuent de demander que leurs conditions de travail (horaires, repos de garde systématique) soient améliorées et « plus épanouissantes ».
Clara Bonnavion, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), souhaite que les études soient décloisonnées et « adaptées » aux carabins qui ont des projets personnels (stage à l'étranger, engagement associatif, etc.). Elle rappelle que les jeunes médecins ne sont pas les seuls exposés aux risques psychosociaux. Selon une enquête de l'association des étudiants sages-femmes, 70 % des futures maïeuticiennes sont touchées par la dépression au cours de leur cursus.
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