LA DIXIÈME ÉDITION des épreuves classantes nationales (ECN) s’ouvre demain à Paris, Besançon, Lille, Toulouse, Clermont-Ferrand, Marseille et Rennes. Les 8 542 candidats plancheront cette année encore, comme l’an prochain, sur table avant de composer... sur tablette en 2016.
L’examen phare du cursus de médecine, composé de neuf dossiers cliniques et de la lecture critique d’article (LCA), déterminant pour le choix de spécialité d’exercice, s’apprête à vivre une mutation numérique. Après l’annulation à deux reprises de l’épreuve de LCA en 2011, après avoir essuyé les critiques de nombreux hospitalo-universitaires, des doyens et des étudiants, les ECN vont subir un sérieux lifting.
Les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont officiellement lancé le chantier de la modernisation des épreuves. Organisées dans 7 centres d’examen pour plus de 8 000 étudiants, les ECN font l’objet d’une double correction anonyme par des PU-PH tirés au sort. « C’est une organisation complexe, exposée à des incidents techniques pouvant conduire à des discussions administratives et à une remise en cause de la validité des épreuves », estiment les deux ministères. Le gouvernement a mis en place un groupe de travail avec le Centre national de gestion (CNG) auquel participent les doyens et les étudiants pour informatiser les épreuves et leur correction. « Un consensus fort se dégage entre toutes les parties, enseignants et doyens sont sur la même longueur d’onde », explique le Pr Dominique Perrotin, président de la Conférence des doyens.
Correction automatisée.
Depuis plusieurs années, les ECN sont accusées d’être un examen « bête et méchant », dont les notes ne sont pas assez discriminantes (lire aussi ci-dessous le témoignage d’un correcteur). Près de 8 000 candidats sont classés en 1 000 points. « On peut penser que ces épreuves sont injustes dans la façon dont elles sont corrigées à partir de grilles et de mots-clés, ajoute le Pr Perrotin. Un étudiant classé 2 500ème pourrait être classé 2 100ème avec un autre correcteur. Avec des questions fermées, ce sera plus simple ». « Tout le monde sera logé à la même enseigne avec la correction automatisée, veut croire Serge Aubert, responsable des concours médicaux au CNG. Aujourd’hui, le jury est composé de 370 personnes, qui, comme les arbitres de football, peuvent se tromper ».
L’examen va également se moderniser avec les dossiers cliniques progressifs. Les candidats découvriront des nouveaux éléments de diagnostic (radios, ECG, vidéos...) au fil des questions.
« La tablette tactile sera le stylo du XXIème siècle », explique Serge Aubert, qui a mis en place la procédure informatisée du choix des postes d’internat.
Un premier test concluant.
Après avoir été opposés à l’informatisation pendant de nombreuses années, les étudiants sont convaincus de ses vertus. « La question n’est pas de savoir si on le fait mais comme on le fait », déclare Mathieu Levaillant, porte-parole de l’ANEMF. La correction automatique, plus « égalitaire », est plébiscitée par les étudiants. En pointe sur l’informatisation des cours, la faculté de Grenoble a expérimenté il y a quelques jours un examen type eECN, obligatoire et non validant, auprès de 162 étudiants de 2ème année. Quinze questions étaient posées dans le cadre d’un dossier progressif. Les étudiants ont majoritairement apprécié le test. Même si 30 % ont été déstabilisés peu ou prou par le dossier progressif, ils se sont dit satisfaits à 87 % de l’utilisation de la tablette comme support d’examen. Plus de 8 étudiants sur 10 sont prêts à passer tous leurs examens sur ce modèle.
Le concours médical le plus coûteux de France.
La faculté Paris V est chargée de réaliser une étude de marché sur les tablettes. Selon le Pr Perrotin, le choix d’une tablette commune pour l’ensemble des facultés permettrait de réaliser des économies d’échelle. « Les ECN coûtent 450 euros par candidat chaque année, explique Serge Aubert. Une tablette coûte entre 350 et 400 euros. Elles seront donc amorties très vite. »
Selon un rapport du CNG, les ECN sont le concours médical le plus coûteux de France. Leur budget global s’est élevé à plus de 3,6 millions d’euros en 2011. Les indemnités du jury (1,25 million d’euros) ont pesé lourd. Le deuxième poste le plus important englobait la location des salles, la prestation informatique, la surveillance et l’hôtellerie et représentait plus de 1,24 million d’euros. Les ECN comprennent également de nombreux frais annexes incontournables : la reprographie des sujets (256 000 euros), leur transport sécurisé (130 000 euros) et leur stockage (2 300 euros), la « gestion des duplications » (19 000 euros) et même la destruction des cahiers (un peu moins de 1 000 euros). Des ECN informatisées réduiront considérablement l’ensemble de ces coûts. Mais la transition nécessitera tout de même un investissement considérable pour les facultés.
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