DE NOTRE CORRESPONDANT
« SIX DES DIX LABORATOIRES d’excellence soutenus à Strasbourg par le Grand Emprunt de 2010 appartiennent à la Faculté de Médecine, ce qui illustre le dynamisme de notre recherche », explique le Doyen Jean Sibilia, chef de service de rhumatologie aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Référence mondiale dans son domaine, l’Institut de génétique biologique, moléculaire et cellulaire (IGBMC) crée par le Pr Pierre Chambon est sans doute le plus emblématique des instituts alsaciens ; l’un de ses anciens directeurs, le Pr Jules Hoffmann, a obtenu en 2011 le Prix Nobel de Médecine pour ses travaux.
Outre la génétique, les grandes priorités strasbourgeoises portent sur la cancérologie, l’immunologie, les biomatériaux et les neurosciences. Mais la Faculté sait aussi « casser les frontières » entre les disciplines, à l’image de l’Institut de recherche sur les cancers de l’appareil digestif (IRCAD) crée par le Pr Jacques Marescaux : pionnier reconnu en matière de téléchirurgie et de chirurgie assistée par ordinateur, il entend désormais « marier » la chirurgie laparoscopique, la gastro-entérologie et la radiologie interventionnelle.
Au-delà des passerelles entre les disciplines, la politique de recherche strasbourgeoise s’appuie aussi sur les partenariats public-privé, avec de nombreux industriels de la santé et du médicament, dont certains, comme Roche, possèdent depuis longtemps des instituts sur le site même du campus. « Notre futur Institut Hospitalo-Universitaire (IHU), « Mix-Surg », sera financé aux deux tiers par le secteur privé, dont Siemens et Karlstorz », relève le Pr Marescaux, qui a pu y attirer des chercheurs et enseignants de niveau mondial.
100 ans de CHU.
De plus, l’imbrication étroite entre l’hôpital et la Faculté est une constante strasbourgeoise depuis la fin du XIXe siècle, et a anticipé de plusieurs décennies l’actuel concept de CHU. Le changement de nom de l’hôpital, passé d’« Hospices Civils » à « Hôpitaux Universitaires » il y a une vingtaine d’années, illustre le renforcement régulier de ces liens. L’hôpital participe étroitement à la politique de formation et de recherche de l’Université, laquelle est très présente, pour sa part, dans la formation initiale et continue dispensée par les écoles et instituts hospitaliers.
L’ouverture sur l’étranger est une autre spécificité de longue date, avec de nombreuses coopérations internationales proches ou lointaines et, bien sûr, une participation majeure à la coopération scientifique franco-germano-suisse le long de l’axe rhénan. En outre, Strasbourg fait partie des universités les plus engagées dans les programmes européens, mais coopère aussi étroitement avec l’Afrique du Nord, l’Asie du Sud-est, la Chine et la Russie. Plus localement, elle va créer un institut de recherche commun avec sa voisine allemande de Fribourg-en-Brisgau.
Plusieurs chercheurs européens, notamment allemands, occupent des postes clés à Strasbourg, à l’image du Pr Thomas Baumert, virologue et hépatologue, à la fois clinicien et fondamentaliste. Sa « double casquette » illustre la volonté de la Faculté de développer une recherche translationnelle, c’est-à-dire débouchant sur des transferts de connaissance et des applications cliniques pour les patients. Il participe aussi à l’organisation d’un « double cursus » de formation qui permettra à une dizaine d’étudiants, choisis sur dossier, d’étudier en même temps la médecine et les sciences. « Nos structures de recherche sont excellentes, mais nous devons développer les doubles formations pour assurer l’avenir, comme cela se fait de plus en plus aux États-Unis », explique-t-il.
Recrutement régional.
Mais ces enseignements de pointe ne font pas oublier à la Faculté ses missions de formation des médecins alsaciens, le recrutement de ses étudiants étant d’ailleurs très fortement régional. « Nous devrions être meilleurs que nous ne le sommes à l’Examen classant national », admet le Pr Sibilia, qui a justement fait de 2013 une « année de réforme et de réflexion pédagogique » pour tenter d’améliorer ce domaine. « Nous sommes, selon les années, entre 7e et 20e à l’ECN, explique-t-il : à une époque, cela permettait largement aux étudiants alsaciens d’obtenir des places en Alsace, car il y en avait assez pour tout le monde et ils ne sont pas très mobiles, mais aujourd’hui, cela ne suffit plus et nous devons gagner des places. » Cela amène donc la Faculté à mieux préparer ses étudiants au concours, et à « moderniser » ses enseignements dès le second cycle, tout en améliorant la cohérence entre les cours fondamentaux, cliniques et thérapeutiques.
Enfin, la Faculté de Strasbourg a été aussi l’une des premières à mettre en place un enseignement spécifique de médecine générale, et organise régulièrement des réunions de formation permanente pour les médecins en exercice. Elle s’ouvre aussi « sur la ville » avec des forums et des conférences sur la santé destinée au grand public, et développe aussi des activités de santé publique et des programmes « humanistes » en bioéthique et en histoire de la médecine.
Les MSU, acteurs clés de l’encadrement des docteurs juniors
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale