La maîtrise des « risques psychosociaux des étudiants en santé » dépasse désormais les bonnes résolutions pour prendre la forme concrète d'un plan d'action. « Cette signature est un moment très important car le mal-être étudiant est une préoccupation pour nous tous », se félicite Patrice Diot, président de la conférence des doyens de médecine. Une signature, virtuelle, qui a eu lieu ce mardi, en présence d’Olivier Véran et Frédérique Vidal.
Harcèlement, violence sexuelle, épuisement professionnel… La crise n’a fait qu’accentuer le mal-être des étudiants en santé. En mars dernier, face à l’alerte des représentations étudiantes, une conférence de concertation avait été mise en place, réunissant 140 acteurs autour de ces risques psychosociaux. Conférence à l’issue de laquelle doyens, conférence des présidents d’université, directeurs de CME et étudiants s’étaient engagés à élaborer un plan d’action pour lutter contre ces violences. C’est désormais chose faite.
Retrait d'agrément
« La prise en compte des risques psychosociaux des étudiants est une priorité pour moi. Les violences, les humiliations, sont parfois exercées par des encadrants, ce qui est d’autant plus inacceptable », souligne le ministre de la Santé. Et parmi les propositions phares du plan : le retrait d’agrément de stage à tout service ou maître de stage maltraitant. « C’est une mesure conservatoire, la suspension aura lieu dès les premiers signalements de l’étudiant, puis le temps que l’affaire soit instruite », détaille Patrice Diot. Le président des doyens précise par ailleurs que, dès la semaine dernière, cette suspension a été appliquée à un maître de stage universitaire en médecine générale.
Les signataires du plan ont par ailleurs insisté sur l’importance de la formation managériale des responsables d’équipes médicales, tout comme la formation aux risques psychosociaux. Des chartes de bienveillance pourraient également être mises en place dans les facs qui le souhaitent à l’instar de l’Université de Clermont-Ferrand.
« 40 % des étudiants en médecine subissent des remarques sexistes pendant leur stage, 5 % des viols. Et dans 9 cas sur 10, ces violences émanent d’un supérieur hiérarchique », rappelle Morgane Gode-Henric, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Dispositifs de signalement
Le plan d’action entend aussi simplifier et fluidifier le parcours de l’étudiant victime, comme le souligne Frédérique Vidal : « Notre priorité est de repenser les dispositifs de signalement, pour qu’ils soient plus décentralisés et plus accessibles, afin d'apporter un soutien de proximité aux étudiants. »
« Nous allons nous assurer de la mise en place de ces dispositifs dès la rentrée », avertit Morgan Caillault, président de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), signataire du plan d’action.
« Ce plan d’action est fondé sur les lois déjà en vigueur, car les étudiants nous ont rappelé qu’elles ne sont pas forcément suivies sur le terrain », admet Patrice Diot, qui fait écho au temps de travail des internes, limité à 48 heures hebdomadaire, mais rarement respecté. « 70 % des internes dépassent le temps de travail légal », soulève Gaétan Casanova, président de l’InterSyndicale nationale des internes (ISNI), également signataire.
Refus du décompte du temps de travail
Olivier Véran appelle ainsi les responsables de stage au respect de la loi et promet « une sanction financière pour les établissements de santé qui ne respectent pas leur obligation en matière de temps de travail ». Le 18 mai dernier, les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont adressé un courrier en forme de piqûre de rappel à la communauté hospitalière et universitaire, affirmant leur « tolérance zéro, engagement total » dans la lutte contre les maltraitances à l’encontre des étudiants.
« C’est plutôt tolérance totale et engagement zéro ! », s’insurge Gaétan Casanova. « Nous avons rencontré le 20 mai le ministère de la Santé qui a été clair : il n’y aura pas de décompte du temps de travail des internes. » Un refus qui offusque l’ISNI. « Nous ne mettrons en dangers ni les patients, ni nous-mêmes », ajoute Gaétan Casanova.
En réponse, le syndicat d’interne a annoncé avoir déposé un appel à la grève des internes, pour faire appliquer le décompte des horaires. Aucune date n’a, pour l’heure, été fixée.
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