Dans une récente tribune publiée dans « le Monde », la conférence des doyens des facultés de médecine alerte le gouvernement sur la réforme des études médicales en cours, qu'ils jugent « insuffisamment préparée ».
Pour les 39 signataires, la réforme passe à côté des vrais enjeux du système de formation actuel. Alors que le projet de loi de santé, qui contient un grand volet sur la réforme des études, vient d'être présenté en conseil des ministres, la conférence étrille un texte qui oublie des mesures d'impact sur « l'organisation pratique, sur les conséquences financières, sur l'accueil des étudiants étrangers et sur la qualité future de cette offre de formation ».
L'étroitesse du calendrier et l'empilement de trois réformes (nouveau troisième cycle opérationnel depuis 2017, aménagement programmé du second cycle de la quatrième à la sixième année et nouvel accès au premier cycle avec la fin du numerus clausus et de la PACES) sans « logique chronologique » déplorent les doyens, mais aussi la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, qui a récemment évoqué les difficultés du gouvernement à tout mener de front. « S'il faut reculer d'une année, on reculera d'une année », a même déclaré Frédérique Vidal en parlant spécifiquement de la réforme des ECN.
Le flou qui entoure la fin du numerus clausus est source d'inquiétude. Le projet de loi Buzyn est en effet muet sur le sujet et rien n'est aujourd'hui (encore) prévu pour remplacer le système de sélection actuel. « Il est urgent de définir sur quelles bases se fera l'admission des étudiants dans les études médicales, sachant qu'une sélectivité est indispensable pour assurer une qualité de l'exercice médical futur », alertent les doyens.
L'inadéquation entre la hausse à venir du nombre d'étudiants – Agnès Buzyn prévoit une augmentation globale de 20 % du nombre de praticiens formés – et les moyens alloués à leur formation préoccupe également les doyens, qui craignent de voir se creuser les écarts régionaux dans la formation, faute de garanties sur l'homogénéité de la qualité des études médicales.
Dégradation de la formation
Le cri d'alarme des signataires de la tribune est répercuté par le syndicat Jeunes Médecins (ex-ISNCCA) qui appelle, comme l'ont fait les doyens auparavant, à « surseoir d'au moins un an la réforme des études de médecine ». Le syndicat affirme sa vigilance sur « les risques de dégradation de la formation qu'entraîneraient les modifications portées par le projet de loi de santé ».
À l’inverse, les carabins s'opposent à une modification du calendrier. « Nous soutenons la mise en place de la réforme dès 2019 mais un accompagnement et un investissement plus fort des ministères et des doyens devient nécessaire », a réagi l'Association des étudiants en médecine de France (ANEMF) cette semaine après les propos de Frédérique Vidal.
Article précédent
Les pistes de travail pour remplacer les ECN
ECNi : les pistes pour en finir dès 2023
Agnès Buzyn et Frédérique Vidal enterrent les ECN une fois pour toutes
Report de la réforme des études médicales : pour l'instant il n'en est pas question, assure l'ANEMF
Changement de cycle de la première à la sixième année
Réforme du second cycle : anxieux, des carabins réclament un report pour ne pas être la promo « crash test »
Réforme des ECN : « S'il faut reculer d'une année, on reculera d'une année », prévient Frédérique Vidal
Les pistes de travail pour remplacer les ECN
Réforme des études : les doyens et le syndicat Jeunes Médecins favorables à un report
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre