À l'approche des élections présidentielles, Les libéraux de santé veulent marquer le coup et faire entendre leur voix.
Lors d'une conférence de presse tenue ce jeudi 10 février, l'intersyndicale a dévoilé les grands axes d'un projet de loi destiné à repenser le système de soins français. Elle regroupe onze syndicats représentatifs de professions de santé libérales, dont la CSMF et le SML.
Remettre les soins de ville au cœur du système de santé
Le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF s'est d'abord livré à un diagnostic de la situation :
« Notre système est à bout de souffle et ce sont nos patients qui en souffrent le plus. L'hôpital est en crise et le Ségur, qui a d'ailleurs complètement oublié la ville, n'y a rien changé (...). Au-delà des mécanismes économiques, il y a un problème d'ordre organisationnel. Nous ne pouvons plus nous contenter de petites réformettes. Il faut restructurer l'ensemble du système de santé français pour permettre un meilleur accès aux soins des patients. C'est que nous proposons dans notre projet de loi ».
Pour les onze organisations syndicales, l'enjeu est de « remettre les soins de ville au centre de l'organisation du système de santé (...) afin de répondre aux défis de l’accès aux soins et de la dépendance ».
« 20 % des passages aux urgences pourraient être évités et rédirigés vers la ville »
« La ville doit redevenir le premier accès au système de santé. Le recours aux hôpitaux, aux structures privées et publics doit être réservé aux soins complexes et vitaux (...) Nous devons repenser le système d'organisation et les logiques de parcours de soins. Nous, libéraux de santé, souhaitons être les piliers de cette réorganisation », a déclaré Anne Dehêtre, présidente de la Fédération nationale des orthophonistes.
Pour ce faire, l'intersyndicale propose notamment de développer les Équipes de soins coordonnées autour du patient (ESCAP). « Au plus près des patients, ces équipes peuvent nous permettre d'organiser et gérer au mieux les parcours. Avec ce système, nos prises en charge seraient plus réactives, plus lisibles pour les patients et plus acceptables pour les professionnels de santé », a assuré Anne Dehêtre.
Évolution des règles conventionnelles
Parmi les autres priorités de l'intersyndicale ? La transformation du système conventionnel et des règles qui l'encadrent.
« Les gouvernements successifs ont pris l'habitude de passer en force certaines mesures. Nous voulons mettre un terme à cette politique. Il faut donner une place importante aux syndicats représentatifs, en faire des interlocuteurs conventionnels forts. Nous demandons un bouleversement des règles conventionnelles et une révision des critères de représentativité », a ainsi défendu Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Lors de la conférence de presse, Les libéraux de santé ont détaillé certaines des évolutions attendues :
« Nous souhaitons que les négociations puissent être déclenchées de façon égale par l'une ou l'autre des parties, que le cadrage financier s'établisse dans la transparence et s'inscrive dans la négociation et que toutes les données chiffrées soient communiquées aux syndicats en amont des discussions conventionnelles », a développé Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI).
L'intersyndicale réclame par ailleurs une révision du financement du système de soins « pour répondre à l'explosion du déficit de l'Assurance maladie et en finir avec les effets délétères des politiques d'économie successives ».
« Un cadre plus soutenable basé sur le financement du secteur libéral, avec un sous-Ondam dédié, permettra d'apporter les moyens nécessaires à la prise en charge de l'ensemble des besoins de santé », a ainsi soutenu Philippe Besset.
Accent sur la prévention
Lors de la conférence de presse, l'intersyndicale a par ailleurs fait part de sa volonté de faire des professionnels de santé de ville des acteurs majeurs de la prévention.
« Nous appelons à mettre en œuvre des mesures pour faire évoluer notre système de santé curatif vers un système préventif s'inscrivant dans le cadre d'une stratégie nationale de prévention pluriannuelle construite avec les libéraux », a exhorté le Dr Philippe Vermesch, président du SML.
Concrètement, l'intersyndicale propose la création « d'un parcours de prévention lisible pour tous les patients tout au long de leur vie ». « Ce parcours reposerait sur des rendez-vous aux âges clés de la vie avec des consultations et des bilans dédiés. Puis, des actions spécifiques thérapeutiques propres à chaque individu », a détaillé le Dr Philippe Vermesch.
Parmi les autres axes du projet de loi, le décloisonnement des métiers et le numérique en santé. L'ensemble du texte sera présenté le 30 mars prochain aux candidats à l'élection présidentielle dans le cadre d'un événement baptisé « Les Libéraux de santé font la loi » organisé au Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Selon les représentants de l'intersyndicale, les chiffrages de ce projet de loi sont en cours. « Nous avons travaillé avec des économistes de la santé. Nous arriverons avec des chiffres extrêmement précis », a assuré Sébastien Guérard, président des Libéraux de santé et de la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR).
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