La diversification de la rémunération ne fait pas l'unanimité chez les libéraux de santé

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Publié le 05/04/2019
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Le Centre national des professions libérales de santé (CNPS) réfléchissait ce vendredi, dans le cadre de sa « convention de printemps », aux évolutions des modes de rémunération qui attendent les libéraux dans les prochaines années.

Les libéraux de santé s'attendent à un « big bang du mode de rémunération ». C’est d'ailleurs l’intitulé que le CNPS avait choisi pour ce rendez-vous organisé à Paris. Cette manifestation a permis de mieux cerner les risques mais aussi les avantages des transformations qui se trament actuellement dans les couloirs de la haute administration.

Il faut avancer selon le patron de la Drees

Car il ne faut pas s’y tromper : pour l’avenue Duquesne, l’ère du paiement à l’acte comme source de financement hégémonique des cabinets est révolue. « C’est une évolution qui va arriver, tous les systèmes de santé l’ont fait », a annoncé à la tribune Jean-Marc Aubert, patron de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministère de la Santé). Pilote d'une « task-force » sur le sujet, Jean-Marc Aubert a déjà remis fin janvier à Agnès Buzyn un rapport préconisant notamment de généraliser les modes de paiement combinés : financement au parcours, à la qualité, forfaits structures, etc.

Le patron de la Drees table donc sur des évolutions législatives et réglementaires très prochaines sur le sujet : loi santé, loi de financement de la Sécurité sociale, décrets, lois, négociations conventionnelles… Tous les leviers seront actionnés. « Tout ne va pas changer du jour au lendemain, il y aura des phases successives, mais il faut avancer », a-t-il averti. Sachant que le sujet a quelque-chose d’urticant pour certains libéraux, il s’est également employé à déminer. « Les professionnels de ville sont probablement ceux qui ont le plus peur de ces changements, mais ce sont aussi paradoxalement ceux qui sont les mieux préparés », a déclaré Jean-Marc Aubert. Avec des outils comme la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) ou le forfait structure, les libéraux sont en effet selon lui déjà habitués aux modes de financement combinés qu’il appelle de ses vœux.

Les médecins pas sur la même longueur d'onde

Mais il en faudrait davantage pour convaincre les médecins. Le Dr Sophie Bauer, secrétaire générale du Syndicat des médecins libéraux (SML), s’est en effet violemment opposée au directeur de la Drees. « Les nouveaux modes de rémunération comme la Rosp sont loin d’apporter de la satisfaction aux praticiens », a estimé la chirurgienne, s’appuyant sur une concertation auprès de 1800 médecins effectuée par son syndicat. « Il faudra qu’un jour on arrête d’importer de l’étranger des modes de rémunération qui n’y ont pas marché. »

Parmi les invités du CNPS, la représentante du SML était toutefois bien seule à défendre un point de vue si tranché. Pierre Hickel, représentant la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a en effet estimé qu’il n’y avait « pas de souci » avec la Rosp des pharmaciens, regrettant seulement que celle-ci soit directement calculée par les caisses, et non facturée par les officinaux. Gérard Raymond, vice-président de France Assos Santé, a déclaré au nom des patients qu’ils étaient « prêts à prendre leur part de responsabilité dans la révolution qui est en cours ». Même le biologiste François Blanchecotte, président du CNPS, a accepté les transformations à venir. « Nous espérons qu’elles se feront dans la co-construction, et non par une simple consultation », s’est-il borné à déclarer en clôturant la manifestation. Pas de doute, le « big bang » des modes de rémunération aura bien lieu… que les médecins le veuillent ou non.


Source : lequotidiendumedecin.fr