Lettre ouverte à François Fillon
Monsieur le Premier ministre,
Lors d’une visite à l’hôpital Marie Lannelongue au Plessis-Robinson (Hauts de Seine), vous avez déclaré : « Je vais demander à des experts indépendants de réaliser un audit des comptes sociaux parce qu’on entend tellement de choses qu’il faut maintenant un peu de clarté » ; et vous avez poursuivi : « J’organiserai ensuite avec mes amis parlementaires, dont beaucoup sont des médecins, une convention qui nous permettra de préciser le projet en étroite concertation avec les professionnels de la santé de tous les secteurs ».
Il n’est pas dans mon intention de mettre en doute les qualités de ces médecins parlementaires, ni de juger de leur travail d’élus. En revanche, il est absolument impossible de concilier une activité de médecin libéral et d’élu parlementaire, l’une et l’autre de ces deux fonctions demandent une disponibilité telle, que prétendre pouvoir le réaliser n’est qu’utopie.
Ainsi, permettez-moi de douter de l’authenticité des informations qui vous seront rapportées, du fait de l'éloignement de la réalité de terrain : je crois que nous n’en sommes plus à demander un énième rapport, de créer une énième commission (pour noyer le problème comme disait Clémenceau).
L’heure est venue de constater et d’agir ; je vous propose de venir dans ma région et si j’osais, dans mon cabinet pour constater par vous-même les réelles difficultés que nous avons, que nos secrétaires ont face à elles des gens qui ne trouvent plus de médecin traitant du fait des départs en retraite. Vous pourriez vous rendre compte de la multitude de formulaires que nous devons remplir et qui parfois nous sont retournés quand il manque une virgule, du montant des impayés des caisses (avec de vrais bordereaux) pouvant facilement mettre en péril certains cabinets, etc.
Bref, la vraie vie d’un cabinet libéral ; ce n’est pas dans les rapports que vous verrez cela, nous ne sommes pas des statistiques, nos patients ne sont pas des numéros. En face de nous, nous avons le reflet de la France, ce pays dans lequel vous l’avez dit « il n’est pas normal de payer un plombier plus cher qu’un médecin ».
Favoriser l'installation de médecins dans des zones sous-dotées ne peut être fait de manière coercitive ; on lit ci ou là que sous prétexte d'études payées par le contribuable, les jeunes médecins devraient rendre la monnaie en s'installant pour une durée minimale dans les zones désertiques ! Que je sache, en France, le contribuable paie les études de très nombreuses filières, pas uniquement la filière médicale ; et surtout, l'exploitation des externes et des internes par les CHU est telle que les études sont déjà remboursées avant même l'installation.
En 1975, la coupe de cheveux coûtait 4 francs, la consultation de médecin 16 francs : tout est dit, tout est résumé dans cette phrase, inutile d’écrire des rapports et de former des commissions dont les conclusions ne seront pas appliquées, surtout quand celles-ci tiennent compte de la réaction que pourrait avoir Philippe Martinez.
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