« J’avais fait un stage d’internat en milieu pénitentiaire, qui m’avait beaucoup plu. Après mon internat de médecine générale, j’ai fait une année de recherche, puis j’ai pris un poste : j’interviens à la maison d’arrêt de Saint-Étienne et au centre de détention de Roanne, et je suis aujourd’hui responsable de l’USMP du CHU de Saint-Étienne. Je retrouve dans cette pratique tout ce que j’aime dans le métier de généraliste : la nécessité de répondre aux besoins des patients, de s’adapter au contexte, les enjeux éthiques, la variété des profils… On s’occupe beaucoup de santé mentale, car c’est une problématique surreprésentée dans la population carcérale, mais on suit aussi beaucoup de maladies chroniques, un peu de traumato… Nous sommes confrontés à des situations humaines très difficiles et devons faire face à beaucoup de lourdeurs liées à l’administration pénitentiaire… Je pense notamment au droit au secret médical, qui est à mes yeux la première des sources de discrimination dans les établissements pénitentiaires : en prison, il y a des yeux partout, même si les surveillants ne sont pas présents dans nos salles de consultation. Mais justement, je suis très content de faire cela en début de carrière, et je me dis que le jour où je serai habitué, où ce que je verrai au quotidien ne me questionnera plus, il faudra peut-être que je change de travail. »
Dr Stéphane Bouxom, généraliste à Saint-Etienne (Loire)
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« On soigne des maux créés par la prison elle-même »
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