Le phénomène n’est pas nouveau, mais il n’avait jamais pris une telle ampleur. Le week-end dernier, 17 000 généralistes ont reçu un email les informant qu’ils avaient été pré-inscrits à une action de DPC par l’organisme Chen Formation sur le dépistage du cancer en médecine générale, selon un décompte de l’agence nationale du DPC (ANDPC). Sur les réseaux sociaux, de nombreux généralistes se sont donc étonnés de ces courriers et ont interpellé l’ANDPC.
D’où est ce que ça sort cette histoire @AgenceDPC ? ! Je ne me suis jamais inscrit à cette session... Non pas que le sujet ne m’intéresse pas mais je ne connais pas l’organisme.#DocTocToc ça vous est déjà arrivé d’être inscrit à un DPC sans être au courant de quoique ce soit ? pic.twitter.com/BQKygajaMU
— DocJB (@drjbaptiste) 17 mars 2019
L’épisode aura également permis de vérifier le bon fonctionnement du système de signalement , mis en place en mars dernier par l’ANDPC. « Dès samedi matin, j’ai commencé à recevoir des alertes, à la fois de généralistes et d’organisations représentatives que les médecins avaient sollicitées », explique Michèle Lenoir-Salfati, directrice de l’ANDPC. « Rapidement j’ai eu une centaine de signalements, ce qui est très atypique », ajoute-t-elle. C’est lundi que l’ANDPC s’est aperçu de l’ampleur de la situation. « Un système très sophistiqué a été utilisé avec plusieurs robots qui ont fonctionné du vendredi soir au lundi matin, de 9 à 22 heures. C’est donc tout sauf une fausse manipulation », précise-t-elle.
Pas de consommation des forfaits
Ces pré-inscriptions ont suscité plusieurs inquiétudes de la part des professionnels. D’abord sur une éventuelle faille de sécurité du côté des sites de l’ANDPC. « Il n’y a pas eu d’attaques de nos bases, les numéros RPPS sont en accès libre et c’est ce qui a été utilisé par l’organisme », souligne Michèle Lenoir-Salfati. Des généralistes se sont également demandé si ces pré-inscriptions allaient consommer les forfaits DPC. Aucune inquiétude de ce côté-là, l’ANDPC confirme bien que les pré-inscriptions ne décomptent pas les enveloppes collectives ou individuelles. Il faut qu’il y ait accord du professionnel pour confirmer l’inscription. Sans réponse ou avec un non, pas d’effet donc. Sur les 17 000 pré-inscriptions, 500 médecins ont confirmé. « Nous allons donc les appeler individuellement pour être sûr qu’ils voulaient vraiment dire oui », précise la directrice.
Renforcement des contrôles
Cet épisode a également fait remonter des interrogations sur nature de cet organisme. Et sur ce point, l’ANDPC a décidé de prendre des mesures. « Nous avons bloqué le compte de l’organisme. Et je vais envoyer un courrier aujourd’hui pour demander des explications et l’informer que nous envisageons de lui retirer l’enregistrement et de porter plainte auprès du procureur », détaille Mme Lenoir-Salfati. Depuis sa création, l’ANDPC a mis en place un système de contrôle qualité, des organismes notamment, plus serré, mais cet évènement permet à l’agence de questionner « la robustesse » de ce dispositif et de corriger certaines failles.
« Probablement que nous n’aurions pas dû enregistrer cet organisme, reconnaît la directrice. Il existait un certain nombre d’alertes, comme leur comité scientifique ou leur code naf (nomenclature d’activités française) qui n’était pas un code de formation. » L’ANDPC va donc vérifier un certain nombre de dossiers similaires d'organismes. Par ailleurs, même si la possibilité de pré-inscriptions ne va pas être supprimée, le seul numéro RPPS ne pourra plus être suffisant pour en effectuer. « Il faut trouver une autre clé d’identification, détenue par le professionnel, qui attesterait que la pré-inscription est faite à la demande du professionnel et que ce n’est pas une vente forcée ». Enfin, l’ANDPC va travailler sur son système informatique et ajouter des pare-feu pour bannir les inscriptions par des robots.
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