C’est un signal fort pour dénoncer la violence croissante envers les médecins. Depuis le 3 juillet et jusqu’au samedi 5 juillet, SOS médecins Lille n’ouvre pas son centre de consultation, situé dans le quartier de Moulins, au sud de la ville. Cette décision fait suite à « une profération de menaces de mort et une agression préméditée envers un des membres de notre association, à qui nous apportons notre soutien », peut-on entendre sur le répondeur de la structure.
Mercredi 2 juillet en fin de journée, deux individus ont pénétré dans le centre et ont roué de coups un généraliste de l’antenne lilloise à la suite d’une consultation d’une jeune femme venue solliciter un arrêt de travail. « Elle avait demandé un arrêt de travail de trois jours, le médecin n'était pas d'accord sur la durée et a réduit cet arrêt à un jour. Elle est partie sans faire d'histoire, mais ensuite, ils sont venus en commando, de manière préméditée », relate au Quotidien le Dr Philippe Paranque, président de la Fédération nationale SOS médecins France. « Pendant deux minutes, le confrère a reçu une volée de coups de poing et s’est vu mourir. Il est sous le choc », poursuit le Dr Paranque.
Le respect, un principe intangible
Grâce à l’alerte donnée par les patients qui ont été sortis manu militari du cabinet par les agresseurs, un confrère a pu intervenir rapidement et les a mis en fuite. Selon le Dr Yann Lim, président de l’antenne lilloise de SOS Médecins joint par Le Quotidien, « ces violences ont été organisées ». « Je crains que notre confrère, très choqué même s’il a 20 ans d’exercice, ne veuille pas reprendre son activité », ajoute-t-il.
La Fédération nationale de SOS alerte sur la montée de cette agressivité au quotidien, en rapport avec les exigences des patients et la dégradation des conditions d’exercice des confrères. « Sur nos centrales de régulation, les personnels se font régulièrement insulter voire reçoivent des menaces, notamment pour les arrêts de travail », indique le Dr Paranque.
L’organisation appelle les pouvoirs publics et la justice « à envoyer un message fort auprès de la population ». « Le respect des soignants doit redevenir un principe intangible, clairement affirmé et protégé par des sanctions exemplaires » insiste le Dr Paranque. Interrogé par France Info, le président de l’Ordre départemental des médecins du Nord, le Dr Jean-Philippe Platel, se dit « indigné par cette expédition punitive intolérable ». « Aucun motif ne peut justifier un tel déchaînement de violence ! »
Les violences contre les médecins et les soignants ont atteint un niveau record. L’observatoire national de la sécurité des médecins a alerté fin 2024 sur la croissance inédite (+ 27 %) des incidents à l’encontre des praticiens. À l'initiative du Dr Saïd Ouichou, un collectif avait manifesté le 12 mars, lors de la journée européenne de lutte contre la violence dans les soins de santé, pour appeler le gouvernement à agir.
Dans un message sur le réseau social X, le ministre de la Santé Yannick Neuder, a déploré « ce drame, d'une rare violence » et a affirmé sa « détermination pour agir contre ces violences inacceptables et les punir avec la plus grande fermeté ».
Cette agression intervient quelques jours après l’adoption au Parlement de la loi Pradal, qui prévoit des peines renforcées (jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende) en cas de violences contre les personnels de nombreux établissements de santé. Le parquet de Lille a indiqué avoir ouvert une enquête pour « violences sur un professionnel de santé » et « menaces de mort ».
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