En janvier, la Fédération hospitalière de France (FHF) avait promis de remettre une contribution santé au grand débat national. C'est chose faite. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la fédération n'a pas fait les choses à moitié.
Frédéric Valletoux, son président, et Zaynab Riet, sa déléguée générale, ont dévoilé ce mercredi les résultats d'un vaste sondage* IPSOS auprès de plus de 5 800 Français. « Une enquête d'ampleur assez exceptionnelle et inédite », s'est félicité Frédéric Valletoux. Celle-ci, intitulée « Ma Santé 2022 : la consultation des Français », brosse les préoccupations et attentes des Français en matière de santé, sujet absent des thèmes officiels fixés par le gouvernement pour cadrer le grand débat national.
Il en ressort une vive inquiétude sur l'avenir de l'hôpital public que 88 % des interrogés jugent « en danger ». La situation des personnes âgées ou handicapées précoccupe également. Près de 8 Français sur 10 estiment qu'elles sont « mal accompagnées ». Enfin, l'accès aux soins est un sujet anxiogène, notamment d'un point de vue géographique. « Entre le temps actuel que les Français mettent pour accéder aux différents services de santé et celui qu'ils estiment acceptable, il n'y a presque plus de différence », décryptent les auteurs de l'enquête.
En s'appuyant sur les résultats de cette enquête, la FHF a listé 14 propositions qu'elle adressera au président de la République, au Premier ministre et à la ministre de la Santé d'ici au 15 mars, date de fin officielle du grand débat national.
Les Français plébiscitent la coercition
Le panel a plébiscité trois solutions pour désengorger les hôpitaux. 82 % des Français voudraient voir se généraliser le recours à l'hospitalisation à domicile à chaque fois que cela est possible. La même proportion veut rendre obligatoire une consultation chez un médecin généraliste avant d'aller aux urgences en cas de problème bénin.
Plus clivant, 84 % d'entre eux se montrent favorables à une répartition équitable des médecins « quitte à leur imposer leur lieu d'exercice les premières années » (dont 41 % de tout à fait favorables à cette coercition).
La proposition risque de faire bondir les médecins libéraux, déjà irrités cette semaine par les amendements visant à restreindre ou supprimer la liberté d'installation. Sans soutenir formellement cette idée, Frédéric Valletoux s'est positionné « en faveur d'une régulation plus forte qu'elle n'existe aujourd'hui ». Le maire de Fontainebleau considère qu'il y a urgence et que les praticiens libéraux doivent se saisir de la question, faute de quoi la coercition reviendra toujours sur la table, « jusqu'au jour où elle sera adoptée ».
Pertinence
Le sondage pointe aussi la préoccupation des Français sur la qualité de la prise en charge des patients en établissement. 79 % des personnes interrogées se montrent favorables à la proposition visant à réduire les écarts de pratique afin de diminuer le nombre d'actes médicaux non nécessaires réalisés chaque année.
La FHF propose à cet égard de « moduler les financements et les tarifs selon les territoires » en fonction de leur « sur-consommation » ou « sous-consommation » de certains types d'actes. Cette mesure fait partie des propositions d'amendements au projet de loi de santé réalisées par la FHF pour réformer le financement des établissements de santé.
Hasard du calendrier, le ministère de la Santé a annoncé le jour même de la présentation de cette enquête le versement de 300 millions d’euros aux hôpitaux et cliniques, « en dotation complémentaire à l’exercice 2018 ».
Divisions sur le sort des petites maternités
Sujet d'actualité avec la fermeture de la maternité de Bernay en début de semaine, la restructuration hospitalière ne fait pas l'unanimité. Seules 52 % des sondés se disent prêts à « accepter le transfert de certaines spécialités des hôpitaux de proximité (maternité, chirurgie ...) vers des centres hospitaliers avec plus de personnel et plus d'équipements ». Dans ce sens, la FHF propose de « réaffecter une partie des économies liées aux restructurations dans l'accompagnement de nouvelles activités en remplacement » afin d'éviter les « fermetures sèches » redoutées par les Français.
* Sondage IPSOS réalisé sur internet du 27 février au 1er mars 2019 sur 5 809 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique