La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) recensait, fin 2019, 730 000 personnes fréquentant un établissement d’hébergement pour personnes âgées (Ehpa), dont 81,4 % résident dans des établissements dédiés aux personnes dépendantes (Ehpad). Ces maisons de retraite médicalisées se doivent d’assurer le suivi des résidents et justifier de la présence du personnel soignant (infirmiers, aides-soignants, psychologues, parfois rééducateurs) adapté à la taille de la structure ainsi que d’un médecin coordonnateur.
Ce professionnel de santé est salarié de l’établissement pour lequel il travaille et, bien qu’il ne soit pas le chef de service de l’équipe médicale de l’Ehpad, il est au centre de l’organisation des soins. Il intervient en effet à différents niveaux auprès des équipes soignantes et de la direction pour assurer la qualité de la prise en charge médicale et l’encadrement de l’équipe soignante de l’établissement. Un rôle qui l’éloigne de son activité première de soignant mais qui fait de ce médecin « un véritable diplomate diplômé », déclare le Dr Renaud Marin La Meslée, président du Syndicat national des généralistes et des gériatres intervenant en Ehpad (SNGIE). Il est en effet un acteur de soins à part entière au centre d’un réseau de professionnels apte à communiquer et à faire intervenir une multitude de personnes en fonction des besoins des résidents.
Organisateur d’un réseau de soins
Avec les résidents dans un premier temps puisqu’il doit développer et mettre en œuvre le projet de soin de chacun d’entre eux, et ce dès leur admission. Même si le directeur de l’établissement décide en dernier recours de l’accueil d’une personne ou non, le médecin coordonnateur rend un avis consultatif en fondant sa décision sur l’étude du dossier médical et une visite d’admission. Il doit alors s’assurer qu’accueillir un nouveau résident ne constitue pas une perte de chance et que l’Ehpad sera en mesure de lui apporter les soins dont il a besoin. « Dans certains cas, une personne âgée recevra la visite de son médecin traitant plus vite si elle est aidée chez elle par une auxiliaire de vie que si elle est hébergée dans un établissement », précise le Dr Renaud Marin La Meslée.
Au-delà de cette activité, le médecin coordonnateur joue un rôle dans l’organisation des soins à différents niveaux comme conseiller gériatrique. Il est pour cela en relation permanente avec l’équipe de direction de l’Ehpad à savoir le directeur, l’infirmier coordinateur et le psychologue de l’établissement. En tant qu’encadrant de l’équipe médicale, il est amené à participer à l’élaboration des protocoles d’hygiène, de nettoyage et de désinfection des chambres ou encore de conduite à tenir en cas d’apparition d’épidémies comme la grippe. Ce qui justifie alors son activité de formation et de conseil auprès du personnel soignant de l’établissement mais aussi auprès de la direction. Il veille ainsi à maintenir une prise en charge de qualité par les personnels présents dans l’établissement mais aussi par ceux travaillant en dehors.
Il est l’interface entre l’Ehpad pour lequel il travaille et le réseau de l’ensemble des acteurs de santé présents sur le territoire autour de l’établissement. Il est alors en relation avec des kinésithérapeutes, des orthophonistes et aussi les médecins traitants de chaque résident. Le médecin coordonnateur ne peut réaliser de prescription pour les résidents qu’en cas de situation d’urgence ou de risque vitaux. « Il n’est en aucun cas un remplaçant du médecin traitant, tranche le président du SNGIE. Il est en revanche soumis aux règles de la confraternité et doit l’informer quand des décisions médicales concernant son patient ont été prises ».
Difficultés de recrutement
Cet exercice particulier attire des médecins « fatigués des lourdeurs de l’activité libérale ou qui veulent avoir un mode d’exercice différent », précise le président du SNGIE. S’ils ne sont pas spécialisés en gériatrie ou titulaires de la capacité en gérontologie, ces médecins doivent passer par une formation complémentaire via un diplôme universitaire ou la formation continue d'une durée de 70 heures pour la partie théorique ainsi que pour la formation pratique correspondant à vingt demi-journées, encadrée par un gériatre. Ils peuvent alors exercer soit à temps plein dans les établissements accueillant plus de 200 personnes soit à temps partiel dans les établissements plus modestes ; il est alors possible de cumuler cette activité avec un exercice libéral et d’exercer en tant que coordonnateur dans un autre établissement.
La profession se heurte néanmoins à des difficultés de recrutement liées notamment à la problématique globale de la démographie médicale. Bien que la législation impose la présence d’un médecin coordonnateur dans les Ehpad, la Cour des comptes relevait en 2022 qu’au 31 décembre 2019, au moins « 20 % des Ehpad n’avaient pas de médecin coordonnateur » tandis qu’un « quart supplémentaire a une quotité de médecin coordonnateur inférieure aux seuils réglementaires ». Une situation qui a des conséquences sur l’accueil des résidents alors que le médecin coordonnateur, si « la réglementation est respectée, a le temps et les compétences pour détecter les signaux faibles et les situations à risque », conclut le président du SNGIE.
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