Publié ce jeudi au Journal Officiel, un décret étend à trois mois (maximum) la possibilité pour le pharmacien d’officine de renouveler à titre exceptionnel les médicaments et dispositifs médicaux nécessaires à la poursuite d'un traitement chronique, et ce « afin d'éviter toute interruption de traitement préjudiciable à la santé du patient ». Cette mesure, issue de la loi Rist de mai 2023 sur l’accès aux soins, encadre cette dispensation supplémentaire exceptionnelle en fixant plusieurs conditions.
Ainsi, les médicaments sont délivrés en respectant la posologie initialement prévue, la délivrance s’effectuant sur la base d’une prescription renouvelable dont la durée de validité est expirée. Le pharmacien doit porter sur l’ordonnance le nom de chacun des produits concernés (médicaments ou dispositifs médicaux) et informer le médecin prescripteur par « messagerie sécurisée » ou par tout autre moyen garantissant la confidentialité des informations.
Autre condition : ce « renouvellement complémentaire exceptionnel », ainsi intitulé, s’effectue par délivrances successives d’un mois. Certains médicaments restent exclus du dispositif comme les anxiolytiques, les hypnotiques ou les morphiniques.
Situation médicale mouvante
Cette nouvelle possibilité donnée aux officinaux a fait bondir l’Union française pour une médecine libre (UFML-Syndicat). Son président, le Dr Jérôme Marty, appelle ses troupes à ne pas accepter « cet ersatz de médecine », et à paramétrer leur logiciel afin d’ajouter la mention : « Toute délivrance pour une durée supérieure à celle indiquée sur l’ordonnance est sous la seule responsabilité du pharmacien. »
De son côté, MG France met en garde le gouvernement contre une évolution qui pourrait même être « dangereuse ». « Pour mes patients chroniques polymédiqués, témoigne le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du syndicat, il n’y a quasiment pas une consultation de renouvellement où il n’y a pas de changement de posologie et de traitement ! La situation médicale de nos patients est mouvante et nos ordonnances aussi ».
Contrairement aux représentants des médecins, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) se félicite de la mise en œuvre dès vendredi – lendemain de la publication – de cette mesure « attendue de longue date par la profession ». Comme pour la vaccination ou certains dépistages, les officinaux « seront au rendez-vous », assure Philippe Besset, président du syndicat. « Les patients pourront compter sur leur pharmacien et sur la proximité d’une officine afin d'éviter toute interruption de traitement préjudiciable à leur santé », peut-on lire dans un communiqué de la FSPF. Le premier syndicat des officinaux souhaite « saisir l'Assurance-maladie pour que cet acte soit tracé et rémunéré ».
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