Une fausse médecin a été démasquée et démise de ses fonctions en début de semaine après avoir exercé un peu plus de 4 mois — du 11 mai au 18 septembre — dans le centre de santé Les équipages (Filieris) de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire).
La jeune femme, âgée d'une trentaine d'années, avait fait sa demande d'installation auprès de l'Ordre départemental en avril dernier pendant le confinement. Elle avait d'abord transmis par voie numérique de faux diplômes de la Sorbonne, fourni un extrait de casier judiciaire mentionnant qu'elle n’avait jamais été condamnée et attesté sur l’honneur connaître le code de déontologie. Elle a ensuite été autorisée à exercer par le conseil départemental de l'Ordre après avoir mené le traditionnel entretien d'installation par téléphone, du fait des circonstances sanitaires.
Pas de vérification du faux-diplôme
« Rien n'a attiré notre attention sur le caractère frauduleux des pièces présentées », a déclaré le président départemental de l'Ordre des médecins, le Dr Gérard Montagnon lors d'une conférence de presse à laquelle Le Journal de Saône-et-Loire a assisté. « Je lui ai demandé pourquoi elle n'avait pas travaillé depuis trois ans, elle m'a répondu qu'elle avait élevé son enfant », a expliqué le responsable ordinal.
Cette supercherie aurait pu se poursuivre sans l'intervention d'un personnel administratif du Centre de santé Filieris qui a retrouvé qu'en 2019, l'ARS avait lancé une alerte sur une personne qui tentait à l'époque de s'installer comme infirmière sans avoir obtenu le diplôme lui permettant d'exercer. « Cette femme avait le même nom et la même date de naissance. Lundi matin, j'ai suspendu la personne et j'ai déposé plainte dans la foulée », confie Hervé Laborde, directeur régional de Filieris, joint par Le Généraliste.
Une question se pose aujourd'hui. Comment cette fausse médecin a-t-elle pu tromper son monde, ses patients et ses confrères pendant quatre mois ? « Nous n'avons pas eu de doutes ou une quelconque alerte, les gens du centre sont en état de sidération », affirme Hervé Laborde. Le président de l'Ordre des médecins de Saône-et-Loire a lui reconnu une faute : « Il y a certainement eu un défaut de vérification des diplômes », a-t-il confié à l'AFP.
Une affaire entre les mains de la justice
Le Conseil de l'Ordre des médecins a lui aussi porté plainte de même . « Ce n'est plus une affaire ordinale, mais une affaire pénale traitée par le parquet. Nous avons porté plainte pour exercice illégal de la médecine et abus de confiance », a annoncé Gérard Montagnon.
La priorité du groupe Filieris est aujourd'hui de retrouver les quelque centaines de personnes qui ont consulté le médecin non diplômé. Une ligne téléphonique spécifique (03 74 85 00 64) a été ouverte du lundi au vendredi de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 16H30 pour recenser ces personnes et leur permettre de voir un médecin si nécessaire. « Une réponse sera apportée à chaque demande », précise Filieris.
Ironie de l'histoire, la fausse médecin « a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis il y a quelques semaines », confie Hervé Laborde pour avoir tenté de se faire passer pour une infirmière.
En vertu de l'article L 4161-5 du code de la santé, elle encourt maintenant jusqu'à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende pour exercice illégal de la médecine.
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