Depuis lundi dernier, la société PIP était de nouveau devant la justice pour l'affaire des prothèses mammaires frauduleuses. A l'issue d'une semaine de débats devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), l'avocat général Pierre-Jean Gaury a demandé mardi que Jean-Claude Mas, le fabricant des fameuses prothèses mammaires, soit condamné à nouveau pour fraude aggravée, et pour escroquerie à l'égard de la société allemande de certification TÜV. La justice a requis quatre ans de prison ferme. En première instance l'homme avait déjà été condamné à une peine identique. A aussi été requis contre lui, une amende de 75.000 euros et l'interdiction définitive d'exercer dans le domaine de la santé et de gérer une société.
Un patron tyrannique
L'avocat général a martelé mardi que Jean-Claude Mas n'avait "rien d'un scientifique: son seul souci est financier", son gel était sept fois moins cher à produire que celui, homologué, qu'il aurait dû acheter. Les prothèses PIP "craquaient" bien plus souvent que celles des autres marques, alimentant les plaintes des chirurgiens et finissant pas alerter les autorités sanitaires qui découvrent en 2010 le pot-aux-roses.
Preuve, selon le magistrat, qu'il avait conscience de sa fraude, Jean-Claude Mas se tenait informé immédiatement des visites de contrôle dans son entreprise, "même s'il était à l'autre bout du monde" et demandait à ses troupes de dissimuler documents et containers de produits interdits.
Les employés, pour beaucoup "dociles et inexpérimentés" pour mieux obéir à un patron tyrannique, selon leurs témoignages, ont raconté une entreprise entièrement soumise à son fondateur, qui ne tolérait pas la critique, et surtout pas sur son gel, "le meilleur du monde".
Deux autres procès en attente
A l'encontre de quatre autres cadres dirigeants, l'avocat a demandé au tribunal de confirmer ou légèrement aggraver les peines de première instance, prononcées en 2013. Ses réquisitions vont de 18 mois de prison avec sursis pour le directeur technique à 4 ans, dont une partie ferme, pour le président du directoire.
Les plaidoiries de la défense sont attendues mercredi et le jugement devrait ensuite être mis en délibéré. Le parcours judiciaire de Jean-Claude Mas n'en sera pas terminé pour autant : il est toujours mis en examen dans deux procédures, l'une pour homicide et blessures involontaires, l'autre concernant les aspects financiers de l'affaire.
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