L’histoire retiendra qu’Emmanuel Macron a annoncé aux Français, un lundi de Pâques, qu’ils devraient rester sous cloche quatre semaines supplémentaires. « Le confinement le plus strict doit se poursuivre jusqu’au lundi 11 mai », a déclaré le chef de l’État lors d’une allocution télévisée ayant réalisé un record d’audimat avec 36,7 millions de téléspectateurs. Ce délai doit permettre de « ralentir encore » la propagation de l’épidémie qui avait fait mardi soir plus de 15 700 morts, « trouver des places disponibles en réanimation » et donner la possibilité aux soignants « de reconstituer leurs forces ».
Emmanuel Macron a pour la première fois concédé un manque de préparation de la France pour affronter le Covid-19. Mais il a aussi relevé des motifs d’espoir avec la diminution des entrées en réanimation. À cette occasion, il a précisé les modalités de dépistage, une fois le confinement levé : « Nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes » pour pouvoir mettre les malades en quarantaine.
Le 11 mai, les crèches, écoles, collèges et lycées devraient donc rouvrir progressivement. Tous les lieux publics, les cinémas, les salles de spectacle, resteront en revanche fermés. Aucun festival ne pourra se tenir avant mi-juillet. Le président de la Fédération des médecins de France, le Dr Jean-Paul Hamon, s’est dit « tracassé » par cette annonce qui ferait courir « un risque inutile » aux Français selon lui. « Les enfants n’obéissent pas forcément aux consignes, ils vont naturellement jouer ensemble et risquent de ramener le virus à la maison », a-t-il expliqué sur Franceinfo.
La question de la reprise du travail du « plus grand nombre » dans les entreprises, soutenue par le Medef ces derniers jours, pose aussi question. À partir du 11 mai, « en lien avec les maires, l’État devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public » pour se protéger et protéger les autres contre le coronavirus, a indiqué le Président.« Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations comme dans les transports en commun, son usage pourrait devenir systématique », a-t-il précisé sans utiliser le mot « obligatoire ».
Les patients chroniques incités à consulter leur médecin
Les personnes âgées et les patients chroniques sont, quant à elles, invitées à prolonger le confinement pour ne prendre aucun risque, et ce alors que les plus de 65 ans représentent la très grande majorité des décès enregistrés (dont près de 5 600 en Ehpad et établissements médico-sociaux). Soucieux des conséquences des retards de prises en charge, le chef de l’État a par ailleurs invité les Français souffrant d’une pathologie chronique à consulter les professionnels de santé. « Il n’y a pas que le virus qui tue. Le renoncement aux soins et l’extrême solitude peuvent être aussi dangereux », a-t-il indiqué. Cette annonce a été saluée par le Syndicat des médecins libéraux, qui redoute que « la crise sanitaire du Covid-19 n’en cache une autre, celle des patients chroniques en décompensation ».
Le gouvernement doit présenter d’ici 10 jours un plan pour préciser le déroulement du déconfinement après le 11 mai. Si des perspectives ont été tracées par le président de la République, le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, estime que plusieurs prérequis ne sont pas remplis : « Les tests sérologiques ne sont pas validés à l’échelon français et la France est toujours rationnée en masques », fait-il remarquer.
Le pistage numérique débattu par le Parlement
Le chef de l’État a souligné qu’une application numérique dédiée à la sortie du confinement était à l’étude, sur la base du volontariat et de l’anonymat, pour permettre à ceux qui l’auront téléchargée de savoir s’ils ont été en contact avec une personne contaminée. Le Parlement sera concerté sur ce point.
Si cette allocution a permis d’apporter de premiers éléments de réponse, le déconfinement suscite toujours beaucoup d’interrogations. « Une très faible minorité de Français ont contracté le Covid-19, nous sommes loin de l’immunité collective », a asséné le chef de l’État. Emmanuel Macron a dit miser sur le vaccin pour sortir de l’épidémie, « sans doute la solution la plus sûre », qu’il faudra sans doute attendre encore plusieurs mois, mais aussi sur les traitements, affirmant qu’aucune piste ne serait négligée.
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