Interpellé directement dans une tribune par 124 médecins qui lui reprochaient sa complaisance contre les « fake médecines », le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a officiellement réagi ce jeudi.
Les signataires demandaient que ne soient plus reconnus les diplômes d’homéopathie, de mésothérapie ou d’acupuncture comme des diplômes ou qualifications médicales. Ils réclamaient également que les médecins ou professionnels de santé qui continuent à les promouvoir ne soient « plus autorisés à faire état de leur titre ».
Dans un communiqué, l'Ordre évite de prendre position sur le fond, estimant ne pas avoir une « compétence institutionnelle pour se prononcer » sur les aspects scientifiques.
Le Cnom demande à l’Académie de médecine de se saisir de nouveau sujet et a contacté le ministère de la Santé pour qu’il fasse de même auprès de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Buzz et « confusion des genres »
Invité par les signataires à poursuivre les médecins qui prescrivent homéopathie et autres traitements alternatifs, le CNOM souligne « que c’est dans chaque cas particulier et selon les pathologies en cause que le médecin peut être appelé à répondre de ses pratiques devant les chambres disciplinaires ». Enfin, l’Ordre renvoie au webzine didactique sur la classification des médecines alternatives et complémentaires qu’il a publié sur le sujet en juillet 2015.
Au-delà du débat de fond sur la reconnaissance des médecines alternatives et leur autorisation, le CNOM regrette que « la forme véhémente de l’interpellation publique ait davantage alimenté le buzz médiatique qu’une réflexion sereine et argumentée sur le sujet ».
L'institution redoute les conséquences de cette méthode forte. Le Cnom rappelle que les médecins doivent « tenir compte des conséquences que leurs propos peuvent avoir sur le public en général et le trouble que cela peut créer sur les malades ».
« Le public ayant pu prendre connaissance de ce débat peut avoir l’impression d’une certaine confusion des genres, notamment sur la dangerosité intrinsèque des médecines complémentaires et, plus encore, que l’Ordre couvrirait par une inaction coupable des pratiques qualifiées de charlatanesques dans une pétition », écrit l’instance présidée par le Dr Patrick Bouet.
Le SML au secours les médecines complémentaires
Le Syndicat des médecins libéraux (SML), a quant à lui apporté mercredi son soutien à ses confrères homéopathes, acupuncteurs ou mésothérapeutes. Le syndicat, qui compte parmi ses adhérents de nombreux médecins à exercice particulier (MEP), a dénoncé l’amalgame fait entre des « pratiques déviante de prétendues médecines douces » et les quatre médecines alternatives et complémentaires reconnues par l’Ordre (homéopathie, acupuncture, mésothérapie et médecine manuelle ostéopathie). « Ces pratiques et notamment l’homéopathie, sont faites par des médecins diplômés, capables de poser des diagnostics, au même titre que les confrères signataires de la tribune (…) L’homéopathie rend service, et permet d’apporter une réponse à de nombreux patients », écrit le syndicat.
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