Mathieu Dubois, directeur de Facilimed : "des parcours très hétérogènes"

Publié le 26/05/2017
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Le Généraliste : Peut-on estimer le nombre de coordinateurs actuellement en exercice dans les MSP ?

Mathieu Dubois: On n’a pas connaissance du nombre de coordinateurs en France. Dans certaines MSP, la coordination est simplement organisée par la secrétaire médicale. Pour le même vocabulaire on parle de choses bien différentes, d’où la difficulté à donner des chiffres. Et les types de contrats sont très variés. On trouve des coordinateurs indépendants free-lance ou autoentrepreneurs, des contrats à temps partiels, des coordinateurs mutualisés entre plusieurs MSP… Entre janvier 2015 et aujourd’hui, Facilimed a développé un portefeuille de 120 clients sur les 350 MSP qui bénéficient des Nouveaux Modes de Rémunération (NMR).

En matière de recrutement, quel service proposez-vous aux maisons de santé ?

M. D. : Nous fonctionnons avec quatre responsables de régions. Avant de proposer un candidat, un responsable de région ou un coordinateur senior rencontre les professionnels de santé pour comprendre leurs attentes en matière de coordination. C’est l’équipe médicale avec l’aide du coordinateur de région qui définit ses besoins et choisit ce qu’elle souhaite confier au coordinateur de santé. Parfois le diagnostic permet de réaliser que l’équipe n’est pas prête à déléguer, pas mûre pour accueillir un coordinateur.

Comment se déroule le processus de recrutement ?

M. D. : Nous avons un process de recrutement en trois étapes. Dans un premier temps, l’un des quatre coordinateurs de régions informé d’un besoin de coordination dans sa région rencontre des candidats. Nous disposons d’une CVThèque alimentée quotidiennement par des annonces ou des candidatures spontanées. Ensuite je le rencontre à mon tour et je l’interroge sur son parcours, sa formation, son projet professionnel et sa compréhension de Facilimed et de notre secteur d’activité. Dans un troisième temps et après avoir croisés nos points de vue sur le candidat, nous nous réunissons tous les trois pour un dernier entretien. Parfois nous complétons les entretiens pas des tests sur les bases de gestion que nous souhaitons confirmer ou des mises en situations pour tester la capacité du candidat à animer et à fédérer. Il doit être capable de percevoir le fonctionnement des différentes personnalités qui composent une maison médicale et de s’y adapter.

Quels sont les profils professionnels et personnels que vous recherchez ?

M. D. : Nous sommes partis du référentiel national de l’HAS pour créer la fiche de poste de nos coordinateurs de santé. Les compétences de gestion de projets et le sens du service sont essentiels. Le coordinateur arrive dans une équipe dont il n’est pas le dirigeant et se met au service d’une équipe pluri professionnelle dont parfois le modèle de gouvernance n’est pas stabilisé. Nous cherchons des candidats avec un profil de cadre Bac +5. Mais leurs parcours sont très hétérogènes. Nous avons des cadres de santé, des diplômés de Master en santé publique, en économie ou gestion de la santé. Certains candidats ont fait du consulting, d’autres sont juristes de la santé ou ont une expérience en gestion de projets dans des réseaux de santé. La contrainte de mobilité est un aspect important dans la fonction de coordinateur. Nous ne proposons pas de pleins temps sur un même site. Tout au plus des quatre cinquièmes. Mais en moyenne, les coordinateurs travaillent un à deux jours par site par semaine. Le coordinateur va donc se déplacer d’une MSP à l’autre. Même si l’objectif est de réduire les distances, la mobilité locale est une composante du métier. Le candidat doit donc être en capacité intellectuelle de passer constamment d’un sujet à un autre, de comprendre et piloter des situations et des fonctionnements différents d’une MSP à une autre. Sa capacité d’adaptation et d’autonomie font partie des aptitudes que nous recherchons.

Comment les coordinateurs sont-ils accompagnés dans leurs fonctions ?

M. D. : Nous existons depuis 2015 et avons placé 31 coordinateurs de santé répartis sur l’ensemble du territoire français. Notre démarche est nationale et nos coordinateurs bénéficient d’outils collaboratifs. Tous les documents sont partagés. En plus de la messagerie et du téléphone, les coordinateurs peuvent échanger entre eux au travers d’un mur collaboratif sur l’intranet. Nous organisons des visioconférences qui s’ajoutent aux réunions régionales régulières. Nous avons créé une communauté de coordinateurs, une équipe d’une trentaine de personnes qui s’entraident dans leur exercice quotidien et complètent leurs compétences avec celles des autres. Ces échanges réguliers permettent le partage de situations concrètes et aident à prendre les bonnes décisions sur le terrain et à résoudre des problèmes plus complexes. Une fois par an, nous réunissons l’ensemble des coordinateurs pour un séminaire. Nous entretenons ce principe de collectif, d’entraide et de partage qui nous paraît essentiel à l’accompagnement de l’évolution du métier de coordinateur.


Source : Le Généraliste: 2798