Quels enseignements majeurs tirez-vous de ce sondage ?
Pr Patrick Hassenteufel Il y a un élément frappant : l’importance des intentions de vote en faveur de François Fillon. Même si ce n’est pas si nouveau, dans le contexte actuel, cela montre un attachement des médecins libéraux à la droite, et notamment parmi des généralistes, a priori moins à droite que les spécialistes. À l’évidence, l’accent mis par François Fillon sur la défense de la médecine libérale et son attitude à l’égard du TPG se ressentent. Le score de la gauche est extrêmement faible. Alors que la récente convention médicale a quand même été favorable aux généralistes, on ne peut pas dire que ce soit payant pour le gouvernement. On peut penser qu’une partie de ses voix bénéficie à Emmanuel Macron. Mais, compte tenu des polémiques du moment, on aurait presque pu s’attendre à ce que le candidat d’En Marche soit en tête dans cette population. Ce n’est pas le cas. Et cela montre un ancrage à droite très fort chez les généralistes, si l’on garde à l’esprit qu’en population générale ceux qui déclarent voter Fillon appartiennent au cercle dur de la droite. Chez les généralistes, cette attitude est à l’évidence très liée à l’identité libérale.
Comment expliquer le peu de succès de Marine Le Pen ?
Pr P. H. Effectivement, cet ancrage à droite ne va pas jusqu’à les faire voter FN en nombre, ni d’ailleurs Dupont-Aignan. Cela reflète assez la sociologie générale, avec un lien inverse entre niveau de diplôme et vote FN : les généralistes ont une situation sociale plutôt satisfaisante et sont très diplômés. Cela s’explique peut-être aussi par le fait que François Fillon a un positionnement très à droite qui siphonne les voix qui se seraient portées à l’extrême droite. Et, globalement, cela reflète une certaine pondération dans cet électorat.
Est-on, selon vous, face à un électorat homogène ?
Pr P. H. On relève en tout cas quelques différences générationnelles. Le vote Fillon est plus âgé et Macron fait ses meilleurs scores chez les praticiens de moins de 40 ans. Élément corroboré par une différence de comportement hommes-femmes assez significative. Si l’on regarde le vote Hamon-Mélenchon, ces dernières sont plus à gauche. Or elles sont plus jeunes aussi.
Les généralistes forment-ils un électorat stable ?
Pr P. H. Il y a chez eux une constante : c’est cet ancrage à droite. Certes, on peut relever par contraste le score assez élevé de Macron, mais cela s’explique par son positionnement très au centre. Ce constat posé, une inclination apparaît dans la nouvelle génération qui annonce sans doute un ancrage moins fort à droite des médecins généralistes. C’est peut-être un indice d’évolution de cette catégorie professionnelle dans les années à venir vers la gauche ou le centre gauche.
* Professeur de Sciences Politiques à Sciences Po St Germain-en-Laye/Université Versailles St Quentin
Professeur Patrick Hassenteufel* : Un attachement à la droite, mais...
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique