Ça y est, les médecins libéraux ont parlé ! Du moins, ceux qui se sont exprimés… Car le fait marquant dans ces élections 2015, c’est quand même le record d’abstention. Six médecins de ville sur dix n’ont en effet pas jugé utile de voter. Du jamais vu depuis vingt ans que les Unions régionales existent ! Le phénomène est symptomatique de l’état de scepticisme et d’abattement dans lequel se trouve le corps médical libéral… Si les pouvoirs publics y prennent garde, il est urgent de tout mettre en œuvre pour remédier à ce qui ressemble un peu à une dépression nerveuse collective. Malheureusement, la tentation peut être forte aussi de profiter de cette faible mobilisation pour pousser plus loin leur avantage dans le bras de fer qui les oppose aux médecins. Avec, bien entendu, les dégâts que suppose toute victoire par K.O.
Cela a peut-être déjà commencé… Car le deuxième enseignement du scrutin, c’est l’effondrement du syndicat historique. Si elle reste, au total, majoritaire en sièges et en voix, la CSMF recule beaucoup, dans tous les collèges et va perdre en conséquence nombre des présidences d’URPS qu’elle détenait. Le syndicat de Jean-Paul Ortiz paie sans doute là le prix de l’abstention et d’une radicalisation des praticiens. Mais cela ne suffit pas à expliquer ses revers. La preuve : malgré les mêmes vents contraires, MG France parvient à conforter sa position dans le collège généraliste… La Conf’ est sans doute davantage victime du non-renouvellement de ses troupes. Processus de notabilisation de ses cadres en région qui fait peu de place aux jeunes et aux femmes et collait mal avec la ligne parfois dure qui fut la sienne pendant la campagne.
Dans ce contexte, ce sont pourtant les syndicats les moins consensuels qui tirent les marrons du feu : le Bloc devient hégémonique dans le collège chirurgien et la FMF, son alliée, progresse énormément dans les deux autres. C’est un succès pour Jean-Paul Hamon. Le généraliste de Clamart engrange ainsi, pour la première fois depuis 10 ans, les fruits d’une double stratégie, qui l’a vu greffer un discours franchement contestataire sur une vieille FMF plutôt Rotary et agréger autour d’elle coordinations, dissidents et plus récemment alliances avec les syndicats les moins conventionnistes. Victoire à la Pyrrhus ? Au lendemain de ce scrutin, le paysage syndical médical apparaît en effet plus morcelé que jamais et de ce fait un peu affaibli. Bien malin qui pourrait prédire dans ce contexte comment tourneront les prochaines négos conventionnelles.
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