Dans « Médecine de proximité en alerte rouge »*, un généraliste en Savoie relate comment l’organisation de son cabinet pluridisciplinaire a permis de soigner pendant 40 ans locaux et touristes.
Dans les années 1970, l’offre médicale fait défaut à Bozel (Savoie) et sa vallée. La montagne peine à attirer les praticiens. Le Dr Auguste Jay, généraliste natif du coin, s’y trouve, lui, comme un poisson dans l’eau. Lorsqu’il s’installe en 1973 dans le village de 1 300 habitants, il travaille rapidement jour et nuit pour répondre aux besoins.
« J’ai compris que je ne tiendrai pas longtemps », relate le septuagénaire qui à l’époque ne dort guère. Il imagine alors une structure qui coordonnerait les soins. Le patient aurait tout sur place : examen clinique, exploration, diagnostic, soins infirmiers, manipulation, etc. Bref, une approche pluridisciplinaire avant-gardiste.
Cet ancêtre de MSP émerge en 1976, avec deux généralistes et deux infirmières. Son essor est rapide avec l’accueil d’un kiné ostéopathe dans les années quatre-vingt, d’un dentiste en 1984 puis d’autres généralistes.
Les omnipraticiens du centre diversifient leurs compétences en assurant les traumas articulaires des skieurs. Conscient « bien avant la science » que la mobilité est la clé de la guérison, même pour les lombalgies, le Dr Jay assure « avoir fait des miracles » grâce à la médecine articulaire. L’omnipraticien se forme aussi à l’échographie, devenue avec les ans « l’extension de son stétho ».
Mais en 2015, le Dr Jay doit cesser son activité. La communauté de communes impose la fermeture du centre médical, pour « soi-disant non-conformité » aux normes. Une maison de santé devrait le remplacer dès 2020. Le legs « pluridisciplinaire » du Dr Jay ? Le généraliste redoute des difficultés de recrutement : « Cette structure est faite pour les libéraux. Or, les internes en médecine générale se destinent massivement au salariat. »
Selon le retraité, le système de soins ne s’est pas adapté à cette nouvelle donne. D’où son livre pour alerter sur la « déliquescence » de la médecine de proximité.
*« Médecine de proximité en alerte rouge », Verone Ed, 136 p., 14 €
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