Quel bilan tirer de ces élections ?
Patrick Hassenteufel : C’est la victoire des organisations les plus contestataires – une constante dans ces élections – puisque c’est la FMF qui a le plus progressé. Elle est, depuis 2010, associée à la contestation la plus radicale. Le SML, qui apparaissait comme le plus contestataire aux précédentes élections, a un peu perdu étant en quelque sorte débordé dans la contestation, d’autant plus qu’il s’est associé à la convention. L’abstention fait également partie de la continuité puisqu’elle a encore progressé. On est passé à 39 % de participation, soit une baisse de 5 points par rapport à 2010 et de 20 points depuis les premières élections.
Quand on met les choses en perspective, on constate une baisse de la participation à chaque élection. On aurait pu penser que la loi de santé aurait permis une remobilisation, ce qui n’a pas été le cas. C’est quand même un signal assez négatif pour l’ensemble des organisations. Pour la ministre, c’est un signal moins négatif. Comme aucune organisation ne défendait sa loi, l’indicateur le plus significatif était le taux de participation qui a plutôt baissé. Bien sûr cela ne veut pas dire que les 60 % qui n’ont pas voté sont tous favorables à la loi de santé mais cela signifie peut-être que la majorité des médecins n’est pas dans une contestation radicale de celle-ci.
Quelle analyse faire concernant le collège des généralistes ?
P.H. La progression de la FMF, première en Île-de-France, traduit la tendance générale. Au-delà, la stabilité de MG France est frappante : l’organisation fait entre 30 et 31 % à chaque élection depuis 2000. Cela montre l’importance du positionnement monocatégoriel, encore plus marqué dans le collège 2 (spécialités de bloc opératoire) avec le score élevé du Bloc. La CSMF avait globalement un problème de positionnement en étant associé à la convention tout en étant contestataire.
Quel sera l’impact de ces élections quant à la loi de santé et les négociations conventionnelles ?
P.H. Sur la loi de santé, la FMF et l’UFML, plutôt sorties vainqueurs, ne devraient pas renoncer à la contestation prévue en novembre, au contraire ! Mais, compte tenu du taux de participation, le résultat des élections ne devrait pas conduire le gouvernement à modifier sa position sur le tiers payant. Pour la négociation conventionnelle, ça va être encore plus compliqué, les syndicats a priori les plus ouverts à la négociation étant quand même affaiblis. On a un paysage plus contestataire et plus fragmenté qui ne devrait pas faciliter la négociation. D’autant plus qu’elle se déroulera dans un climat politique pré-électoral.
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