Il y a eu cent ans, au mois d’octobre dernier, que Laënnec fit à Bordeaux, en 1825, un voyage resté mémorable. Si nous nous en rapportons aux journaux de l’époque, notamment au Journal médical de la Gironde, qu’a opportunément exhumé le Journal de médecine de Bordeaux, que dirige avec tant d’autorité le maître Cruchet, Laënnec fut assez mal accueilli dans la capitale du Médoc.
L’inventeur du stéthoscope avait été appelé en consultation auprès d’un riche Espagnol qui lui avait offert pour son déplacement mille pistoles, une somme pour l’époque ! À une première visite, et contrairement à l’avis des praticiens bordelais, Laënnec diagnostiquait un catarrhe pulmonaire chronique ; quelques jours après, il reconnaissait l’existence de la caverne qu’il avait d’abord niée et déterminait, avec son instrument, méthodiquement, ses dimensions.
Les jours suivants, le professeur parisien faisait une démonstration au lit des malades, dans les salles de l’hôpital Saint-André, en appliquant son cylindre de bois sur le thorax des patients. Sans aucun examen, sans interrogatoire, il déclarait, en latin, la lésion organique dont le stéthoscope lui avait décelé l’existence, et indiquait dans la même langue une prescription appropriée à chaque cas. Le médecin de la salle, écoutant humblement le verdict, lui répondait : Credo, et répétait à haute voix l’ordonnance dictée par le clinicien.
Au cours de ces explorations, il arriva à Laënnec une méprise dont on fit, quelque temps, des gorges chaudes à Bordeaux. Voici en quels termes elle nous fut contée :
M. L. explorait par la percussion la partie supérieure du poumon droit chez une femme très pieuse ; il écoute attentivement et prononce ces mots : tintement métallique. Un jeune docteur studieux, qui le suivait dans sa visite, frappé de la rapidité de ce diagnostic, veut examiner à son tour le thorax de la malade et, jugez la surprise, quand il découvre un chapelet métallique non loin du lieu sur lequel M. L venait de percuter ; il avertit respectueusement ce professeur de sa découverte. Celui-ci revint sur ses pas, reconnaissant et avouant franchement sa méprise et dit aux assistants avec un sang-froid admirable : « J’avais entendu le tintement métallique ; je le croyais causé par une lésion organique du poumon et mon erreur est excusable ; car, Messieurs, le tintement métallique de cet organe malade est absolument semblable à celui que la percussion a produit ; c’est donc un terme de comparaison que vous ne devez pas oublier pour en faire une sage application dans vos auscultations ultérieures ».
Pour conclure, notre critique déclarait que c’était encore une « méthode d’investigation trop superficielle et trop exclusive ». La mise au point devait se faire plus tard…
(La Chronique médicale, 1925)
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