C’est un succès pour le président de la FMF et un échec pour celui de la CSMF. En schématisant un peu, on pourrait résumer ainsi les résultats des élections aux URPS dont les urnes ont parlé vendredi 16 octobre. A l’issue de ce scrutin, la FMF -que dirige Jean-Paul Hamon- progresse en effet fortement dans les collèges généralistes et spécialités cliniques : 27,62% dans le premier, soit plus de 9% de hausse par rapport à 2010 et près de 22% dans le second, soit près de 7 points de plus. Le généraliste de Clamart engrange ainsi, pour la première fois depuis 10 ans, les fruits d’une double stratégie, qui l’a vu greffer sur la vieille FMF un discours franchement contestataire et agréger autour d’elle les ralliements des coordinations (dont il est lui-même issu) et plus récemment les alliances avec l’UFML ou les spécialistes du Bloc. Pari gagné donc, en particulier dans le collège généraliste, puisque la FMF passe pour la première fois devant la CSMF dans le collège 1.
En comparaison, la CSMF de Jean-Paul Ortiz, est en recul dans tous les collèges; elle perd sept points dans celui des généralistes où elle ne représente plus qu’un votant sur cinq. Son audience s’érode de près de cinq points dans le collège AOC, dans lequel, avec 12,37% des suffrages seulement, elle laisse Le Bloc hégémonique, truster désormais les deux tiers des votes ! Et c’est dans le collège spécialités cliniques qu’elle lache le plus de lest, abandonnant 10 points par rapport aux dernières élections avec 40,65% des suffrages, selon le ministère de la Santé. Dans un communiqué, la CSMF a reconnu, mezza voce, sa défaite, évoquant "un fort vote contestataire contre les syndicats en charge des responsabilités dans les régions". Et de pointer "la progression des "syndicats poujadistes" chez les médecins. Le syndicat de Jean-Paul Ortiz se console en constatant que, tous comptes faits et tous collèges confondus, la Conf’ reste le principal syndicat des médecins libéraux.
En dépit de la progression de la FMF et du repli de la CSMF, dans le collège généralistes c’est encore MG Fance qui tire les marrons du feu électoral. Comme il y a cinq ans, le syndicat monocatégoriel est le premier dans ce collège. Mais alors qu’il perdait quand même quelques plumes en 2010, il en gagne cette fois, passant de 29,73% à 31,29%. C’est à l’évidence une satisfaction pour Claude Leicher.
Dans ce nouveau paysage électoral, le challenge n’était pas facile pour le SML d’Eric Henry. Il avait tant progressé en 2010 que le maintien de ses positions semblait déjà difficile. Il résiste assez bien en 2015. Certes, il recule un peu dans tous les collèges : 16,49% contre 18,97% chez les généralistes, 12,95% contre 13,31% chez les spécialistes cliniques, 28,94% contre 29,94% chez les chirurgiens. Mais dans ce dernier collège, il ravit la deuxième place à la CSMF.
Reste que le grand vainqueur de ces élections est peut-être à rechercher quelque part dans le camp des abstentionnistes. Le taux de participation est de 39,92 % (42,38 % pour les médecins généralistes, 42,38 % pour le collège des spécialités de bloc et 34,95 % pour les autres spécialistes). Un taux en nette baisse par rapport à ceux des précédentes élections : 44,6 % en 2010, 46 % en 2006, de 52,7 % en 2000.
Marisol Touraine a pris acte acte vendredi soir de ces résultats. Et la ministre se garde bien de commentaires intempestifs: "Ce sont d'abord les dynamiques locales initiées par les professionnels qui permettront de réformer le système et d'améliorer la prise en charge des patients," lâche-telle dans un communiqué. Avant de lancer un appel au dialogue: "La ministre souhaite que les prochains mois permettent de poursuivre au niveau national, avec les syndicats, les actions en faveur de la modernisation de la médecine libérale et faciliter l'installation des jeunes médecins," conclut-elle, un rien langue de bois tout de même.
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