Après la grève des laboratoires libéraux en octobre, les biologistes médicaux ne lâchent pas l'affaire. Remontée contre les économies réclamées au secteur en 2020 par l'assurance-maladie – 170 millions d'euros – la profession vient de lancer un gel des audits d'accréditation pour faire monter la pression.
Depuis 2009 et la réforme du secteur, les biologistes médicaux, qu'ils exercent en laboratoire privé ou à l'hôpital, ont une obligation d'accréditation de tous leurs examens, réalisée par le COFRAC (Comité français d’accréditation). Au 31 octobre 2020, tous les examens de tous les laboratoires doivent être accrédités. Mais les huit syndicats* de biologistes, ainsi que les groupes adhérents de l’Association pour le progrès de la biologie médicale (laboratoires) ont décidé de geler, pour une période indéterminée, la réalisation des audits d’accréditation si l'assurance-maladie ne revient pas sur le protocole d'accord sur la régulation des dépenses de biologie médicale.
Les 10 000 biologistes médicaux estiment que les efforts demandés représentent « un point de rupture économique » et « le signe manifeste d’une volonté d’en finir avec le modèle de biologie médicale français qui a su se moderniser tout en gardant ses atouts ». Fermer leur porte à l'accréditation revient selon eux à « s'opposer fermement à [une] évolution vers un modèle industriel, sans plus-value médicale et sans offre de proximité ».
« Seule voie possible »
« Engager ce bras de fer est malheureusement la seule voie possible pour retrouver les conditions d’un dialogue constructif et nous permettre de maintenir de façon pérenne notre engagement éthique et l’excellence des actes de biologie médicale », jugent les biologistes, par ailleurs « attachés » à la volonté législative d'accréditation.
Il y a quelques jours, les mêmes syndicats avaient estimé que l'échéance du 31 octobre 2020 ne serait « pas envisageable », d'après les données « communiquées par le COFRAC » et un sondage de leurs adhérents. « Un grand nombre de laboratoires ne pourra donc pas respecter la loi et devra travailler dans l’illégalité ou stopper tout ou partie de leurs activités », indiquaient-ils.
Une ultime réunion de négociation sur le protocole d'accord était prévue hier avec le DG Nicolas Revel. Qui, sauf surprise, n'a pas dû lâcher du lest.
* SDB, SJBM, SNMB, SLBC, FNSIP-BM, FNSPBHU, SNBH et SNMB-CHU
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