LE QUOTIDIEN : Le gouvernement prévoit 2 000 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) en 2022. Est-ce un objectif atteignable ?
DR PASCAL GENDRY : Oui. Aujourd'hui, le ministère recense 400 projets et 1 300 équipes coordonnées pluriprofessionnelles, dont 950 signataires de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) [qui permet de bénéficier d'un financement pérenne, N.D.L.R]. Il y a donc 350 MSP non-signataires pour des réticences idéologiques ou par manque de maturité. Mais leur nombre tend à diminuer rapidement. Chaque équipe touche en moyenne un financement de 66 000 euros par an.
Pour parvenir à 2000 MSP, les équipes de soins primaires doivent bénéficier d'un accompagnement rapide et approprié des ARS, de l'assurance-maladie et des fédérations régionales des maisons de santé. C'est le cas aujourd'hui. En Occitanie par exemple, beaucoup de structures ont pu passer en quelques mois de la phase projet à celle de la contractualisation avec l'assurance-maladie grâce à la mobilisation des acteurs locaux.
Avec les CPTS, « on a mis la charrue avant les bœufs », déploriez-vous en 2019. Avez-vous changé d'avis ?
Non. Il faut surtout éviter toute concurrence entre les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les équipes de soins primaires (ESP) qui émergent. Pour réussir une CPTS, il faut d'abord réfléchir à la formation des ESP et à leur financement. Puis il faut chercher à positionner ces équipes dans l'organisation territoriale. Comment inciter les professionnels de santé à travailler en équipe, à se structurer ? Il est préférable de proposer des incitations financières au niveau monoprofessionnel. Une fois les équipes constituées, il faut les accompagner pour qu’elles arrivent au stade d'une MSP et qu'elles puissent bénéficier d'un financement de l'équipe. À mes yeux, il ne me semble donc inutile de négocier un avenant à l'accord conventionnel interprofessionnel des CPTS.
Après onze ans d'existence, faut-il faire évoluer les MSP ?
Absolument. Des équipes de soins pluriprofessionnelles plus matures sont prêtes à changer leur organisation et leur mode de financement. Pour cela, la structure juridique des MSP, c’est-à-dire la société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) doit être rénovée pour permettre à un moment donné aux MSP de salarier des assistants médicaux, des infirmiers en pratique avancée et des kinés. Ce nouveau modèle de fonctionnement mixte, à la fois libéral et salarié, est à construire pour attirer des professionnels qui hésitent à choisir un exercice à 100 % libéral. L'autre changement souhaitable concerne la rémunération des équipes. Dans le cadre de l'article 51, des expérimentations sur la prise en charge des patients diabétiques, dépressifs, âgés, etc., en équipe sont en cours. La rémunération y est forfaitaire, avec la possibilité pour les équipes de se répartir la somme globale sous la forme d'honoraires. Ça va dans le bon sens.
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